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Si l’on en croit les sondages, l’épreuve du pouvoir n’a pour l’heure pas eu raison de la popularité du président Kaïs Saïed. Mais à l’heure où les foyers de contestation se multiplient en Tunisie, la fin de la période de grâce se profile. Alors que la crise économique ne cesse de s’aggraver, le chef de l’Etat risque de se heurter au « mécontentement ambiant », prédit le sociologue Maher Hanine.
La rentrée a été ponctuée par une série de crises et de dysfonctionnements. En septembre et octobre, les Tunisiens ont été confrontés à des pénuries à répétition (carburant, lait, beurre, eau minérale, sucre) sur fond de forte inflation (9 % en août). Le pays a également été endeuillé par des drames migratoires, comme à Zarzis (sud), où un naufrage a fait 18 morts fin septembre. Une manifestation a été organisée dans la ville, mercredi 26 octobre, par des familles qui venaient tout juste d’enterrer leurs proches. La longueur des procédures de recherche, d’identification et d’inhumation, émaillées de défaillances, a nourri la colère des habitants de cette cité d’où partent de nombreuses embarcations clandestines.
Le sentiment d’abandon par l’Etat s’étend à travers le pays. Il gagne le secteur éducatif, alors que des écoles primaires commencent à fermer leurs portes faute d’enseignants suppléants en nombre suffisant pour assurer les cours. Près de 4 000 remplaçants sont en grève depuis la rentrée scolaire car ils n’ont pas été payés. Certains protestent aussi contre la faiblesse des salaires et l’absence de perspective d’embauche après des années de vacation. Leur mouvement, qui devrait culminer par une « journée de colère » le 1er novembre, témoigne des problèmes récurrents des finances publiques tunisiennes : la masse salariale de la fonction publique, qui représente déjà près de 16 % du PIB, ne permet pas davantage de recrutements dans un pays aujourd’hui surendetté.
Colère de la jeunesse
Autre symptôme de ces difficultés financières : plus de 3 200 boulangers ont fait grève, le 19 octobre, pour réclamer le versement par le gouvernement des aides étatiques qui leur sont dues. Ces subsides n’ont pas été payés depuis quatorze mois aux boulangeries concernées par ce système de compensation, et le total des sommes dues s’élève désormais à 78 millions d’euros. Un accord a finalement été trouvé avec le ministère du commerce pour le décaissement d’une première tranche.
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