« Il y aura toujours le besoin de s’éloigner de cette histoire-là. La présidence de ce groupe d’étude serait évidemment un élément décisif. » Louis Aliot, premier vice-président du Rassemblement national (RN), n’en fait pas mystère : si le parti d’extrême droite a érigé en priorité la présidence du groupe d’étude sur l’antisémitisme à l’Assemblée nationale, c’est que la longue histoire de propos antisémites et négationnistes de ses dirigeants lui colle à la peau. Le maire de Perpignan l’a toujours considéré comme un « verrou » vers la conquête du pouvoir : « Même si l’on considère, nous, qu’il n’y a aucun souci sur ce point, il n’en demeure pas moins que nos adversaires reviendront toujours à cela. »
La révélation, mercredi 9 novembre par la radio RCJ, d’une liste provisoire d’attribution de la présidence des groupes d’étude, a suscité un tollé. Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a dénoncé « une ineptie et une manipulation inacceptables ». Rien de définitif, s’est empressée de corriger la présidente (Renaissance) de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet ; lors d’une réunion de conciliation, le 16 novembre, le reste des groupes de l’Assemblée nationale fera en sorte de récupérer la présidence de cette structure transpartisane, chargée d’un travail de veille et de suivi.
Mais l’épisode rappelle que le RN ne laissera, à l’Assemblée nationale, échapper aucune opportunité de ripoliner son image. « On prend ce à quoi on a droit », rétorque Renaud Labaye, le secrétaire général du groupe. Que Renaissance n’ait pas préempté ce groupe d’étude, alors qu’il disposait des deux premiers choix, ne laisse pas d’étonner : le RN n’avait pas fait mystère de son intérêt pour la thématique, de même qu’il avait réclamé, en vain, la présidence du groupe d’amitié parlementaire avec Israël. « C’est devenu un enjeu politique, donc cela devient un enjeu pour Renaissance, analyse Renaud Labaye. Mais je retiens que pour eux, l’antisémitisme est secondaire par rapport aux jeux vidéo », le deuxième choix de Renaissance derrière « Chasse et Pêche ».
Marine Le Pen s’érige en rempart contre l’« antisémitisme islamiste »
Dans les années 1980, le Front national, cofondé par d’anciens collaborationnistes et des membres de la Waffen-SS, avait déjà tenté un rapprochement avec la communauté juive, avant l’affaire du « détail », plusieurs fois répétée par Jean-Marie Le Pen. Dans les années 1990, le numéro deux du parti, Bruno Mégret, en avait fait à nouveau un axe central de la première tentative de « dédiabolisation ».
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