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En RDC, l’avancée rebelle vers Goma suspendue

En RDC, l’avancée rebelle vers Goma suspendue


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Manifestation contre l’accord de cessez-le-feu de Luanda et pour appeler la communauté internationale à demander le retrait du Rwanda de la province du Nord-Kivu, le 24 novembre 2022 à Goma (RDC).

Il n’était pas acquis que les principaux pays d’Afrique centrale et de l’Est concernés par le conflit dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) parlent d’une seule voix. Réunis mercredi 23 novembre à Luanda, en Angola, ils ont pourtant annoncé une « cessation des attaques et le retrait des localités congolaises occupées par le [groupe armé rebelle] M23 » soutenu par le Rwanda. L’arrêt des combats – fixé à vendredi à 18 heures – permettrait de desserrer l’étreinte qui menace d’asphyxier la grande ville de Goma. Il reste à le mettre en œuvre.

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Le mini-sommet régional de Luanda avait été organisé à l’invitation du président angolais, Joao Lourenço, chargé par l’Union africaine d’un rôle de médiateur entre les voisins congolais et rwandais, avec l’appui du chef de l’Etat burundais, Evariste Ndayishimiye, président en exercice de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), et de l’ancien président kényan Uhuru Kenyatta.

Paul Kagame, à la tête du Rwanda depuis trois décennies, n’avait pas fait le déplacement. Ses relations avec son homologue congolais, Félix Tshisekedi, se sont considérablement dégradées ces derniers mois, jusqu’à provoquer l’expulsion de l’ambassadeur rwandais de Kinshasa, fin octobre. C’est son ministre des affaires étrangères, Vincent Biruta, qui a endossé un texte dans lequel la responsabilité rwandaise pour la dernière déstabilisation de l’est du Congo, mise au jour en juillet par un rapport du groupe des experts des Nations unies, n’apparaît jamais explicitement.

Dénégations de Kigali

C’est pourtant bien du Rwanda dont il est question dans le communiqué final, lorsque les signataires appellent à la « cessation de tout soutien politico-militaire au M23 ». C’est également Kigali qui est implicitement montré du doigt lorsque les signataires s’inquiètent de « l’acquisition par le M23 d’armes de plus en plus sophistiquées et d’autres moyens pour mener des attaques contre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ».

Le Rwanda est implicitement visé par l’accord de cessez-le-feu, qui appelle à la « cessation de tout soutien » au groupe M23

Le Rwanda continue de nier tout lien avec ce groupe rebelle « formé en 2012 par des déserteurs de l’armée congolaise, eux-mêmes anciens rebelles d’un groupe armé appelé le Congrès national pour la défense du peuple, également soutenu par le Rwanda », rappelle Thomas Fessy, chercheur spécialiste de la RDC au sein du groupe de défense de droits humains Human Rights Watch.

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Les dénégations rwandaises ont du mal à convaincre, y compris ses plus fidèles alliés. Mercredi, à Washington, le Bureau des affaires africaines du département d’Etat a ainsi « salué les efforts de l’Angola et des dirigeants des Grands Lacs pour mettre fin à la violence et aux souffrances dans l’est de la RDC ». Tout en précisant, beaucoup plus clairement qu’il y a peu, que « cela est possible (…) si le Rwanda met fin à son soutien au M23 ». « Et, précise le communiqué, si toutes les parties rejettent les discours de haine et respectent les engagements de paix et de réconciliation. » Ce dernier point vise les responsables congolais qui soufflent sur les braises communautaires. Le M23 dénonce ainsi les campagnes anti-Tutsi congolais dans l’est du pays et appelle au dialogue pour faire retomber la tension.

« Le M23 avance »

Jusqu’à présent les responsables congolais n’ont accepté de discuter qu’avec certains des groupes armés (il en existe une centaine) de l’est de la RDC et refusent de s’asseoir à la même table que le M23, qualifié de « terroriste » par Kinshasa. Cela risque de compliquer la mise en œuvre du désarmement et du casernement de ces rebelles ainsi que de leur « repli sur [leurs] positions initiales ». « De quelles positions parle-t-on ? S’agit-il d’une zone tampon ? Gérée par qui ? Sous souveraineté congolaise ? », demande Juvenal Munubo Mubi, député de Walikale, une commune du Nord-Kivu, province épicentre de la crise. Le texte précise que, si le « M23 refuse de se désengager et de libérer tous les territoires qu’il occupe actuellement, les chefs d’Etat de la CAE instruiront la force régionale à faire usage de la force pour les pousser à se soumettre ».

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Le cessez-le-feu doit entrer en vigueur vendredi soir. Le déploiement des quelques milliers d’hommes de la force régionale, décidé au printemps lors d’un sommet régional à Nairobi et comprenant des contingents venus du Kenya, du Soudan du Sud, du Burundi et d’Ouganda, vient à peine de commencer. Quant aux FARDC, elles ne cessent de reculer, parfois dans le désordre, depuis la reprise de l’offensive rebelle, en octobre. Jeudi soir, Lawrence Kanyuka, un porte-parole politique de la rébellion, a dit avoir « pris connaissance du document [de Luanda] sur les réseaux sociaux ». « Mais ça ne nous concerne pas vraiment », a-t-il ajouté.

Le M23 menace Goma par le Nord et a ouvert un nouveau front à l’ouest de la ville, dans le Masisi. « Le M23 avance et consolide ses positions, observe Thomas Fessy, de retour de cette région. Il peut continuer à progresser et à couper la route menant à Saké, ce qui asphyxierait Goma », précise le chercheur, qui s’inquiète également du sort réservé aux populations civiles dans les zones contrôlées par les rebelles.

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