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En Colombie, les indigènes occupent des « terres ancestrales »

En Colombie, les indigènes occupent des « terres ancestrales »


Des paysans et des indigènes occupent un terrain, à Corinto, dans le département de Cauca, en Colombie, le 30 août 2022.

La route file, droite entre les champs de canne à sucre, sous le soleil de cette région du nord du Cauca, dans le sud-ouest de la Colombie. « Les gouvernements passés se sont engagés à donner des terres aux indigènes et ils n’ont pas tenu leurs promesses. Aujourd’hui, ce sont nous, les producteurs, qui payons le prix de cet abandon gouvernemental », explique Alvaro Franco, au volant de son 4 x 4. Propriétaire de 150 hectares, il engage sa voiture sur le chemin de terre qui part vers la montagne et pointe un champ rasé : « Les indigènes ont tout saccagé. Et, regardez, ils ont dynamité le pont », montre-t-il, tout en soulignant que « le problème des occupations de terres ici remonte à plus de quinze ans ». L’arrivée au pouvoir de Gustavo Petro, le 7 août, a ravivé les tensions.

Convaincu que la très forte concentration de la propriété foncière est une des causes de la misère du pays et de la violence du monde rural, le premier président de gauche du pays a promis une ambitieuse réforme agraire. En occupant des propriétés privées, dans le Cauca et un peu partout dans le pays, indigènes et paysans entendent mettre la pression sur le nouveau gouvernement.

« Mais ils ne lui facilitent pas la tâche, soupire un proche du président. Envoyer l’armée comme le faisait la droite n’est pas une solution, laisser faire non plus. » Pour la ministre de l’agriculture, Cecilia Lopez, « les occupations de terres et autres voies de fait servent le discours de ceux qui ne veulent pas de la réforme agraire. Elle limite la marge de manœuvre du gouvernement ».

Conflit entre indigènes et afrodescendants

Le nord du département du Cauca s’étend entre deux cordillères de montagne séparées par une vaste plaine fertile. L’occupation des propriétés foncières reste sporadique. Ici et là, des tentes de fortune, faites de bâches de plastique sur des piquets de bois, marquent la présence de petits groupes indigènes, descendus de la montagne avoisinante. Visage masqué et machette au flanc, des jeunes montent la garde près des quelques barrages – trois bouts de bois en travers de la route – qui empêchent le passage des tracteurs et des camions sur les chemins.

« Le gouvernement nous traite d’envahisseurs, mais nous ne faisons que récupérer ce qui nous appartient », résume Arcadio Escue, 56 ans. Indien de la communauté Nasa, il a été de tous les combats pour la « libération de la terre » organisés par le Conseil régional indigène du Cauca (CRIC). Fondé au début des années 1970, le CRIC est une des organisations les plus solides – et combatives – du pays.

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