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En Allemagne, le « conseil des sages » recommande de taxer temporairement les plus riches

En Allemagne, le « conseil des sages » recommande de taxer temporairement les plus riches


Le chancelier allemand, Olaf Scholz, et la dirigeante du « conseil des sages » allemand, Monika Schnitzer, à Berlin, le 9 novembre 2022.

Le rapport annuel du conseil d’analyse de la situation économique allemande est rarement de nature à provoquer des controverses politiques. Le document, rédigé pendant six semaines par cinq experts chevronnés (surnommés les « sages »), conseille le gouvernement sur les grandes questions économiques du moment, et comprend plusieurs centaines de pages. Les commentaires qu’il suscite dépassent rarement les cercles informés. Mais le millésime 2022 est exceptionnel : il a créé une vive polémique avant même sa présentation officielle, mercredi 9 novembre.

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Et pour cause : les « sages » recommandent cette année à l’exécutif d’augmenter « temporairement » les impôts pour les plus riches. Du jamais-vu dans un conseil traditionnellement considéré comme un bastion de l’ordolibéralisme allemand, favorable aux baisses d’impôt et à une stricte discipline budgétaire.

Le sujet est extrêmement délicat sur le plan politique, car le ministre des finances, Christian Lindner, est le chef du FDP, le parti libéral, qui n’a intégré la coalition qu’une fois la promesse obtenue auprès des deux autres partis (le parti social-démocrate et les Verts) qu’aucune nouvelle taxe ne serait levée. « Changement de ton au conseil des sages », a titré le quotidien économique Handelsblatt, visiblement inquiet de cette apparente poussée redistributive au sein du prestigieux cénacle.

Toutefois, les experts, interrogés sur la question, ont rétorqué que leurs recommandations avaient été émises selon une pure logique économique. Le gouvernement a ficelé en toute hâte, ces derniers mois, de très généreux paquets d’allègements fiscaux pour faire face à l’explosion du prix du gaz, du pétrole et de l’électricité.

Situation budgétaire tendue

Puisque les milliards d’euros d’aide ont aussi profité aux plus riches, qui n’en avaient pas besoin, n’est-il pas logique de rectifier le tir ? Et d’introduire temporairement une taxe ou un impôt supplémentaire pour les catégories les plus aisées, afin de limiter l’effet inflationniste des dépenses publiques supplémentaires, tout en instillant davantage de solidarité dans une situation budgétaire tendue ?

Ces arguments n’ont pas convaincu les libéraux. Christian Lindner a déclaré laconiquement que « le gouvernement ne prévoyait pas de hausses d’impôt ». Les sociaux-démocrates et les Verts, qui réclament depuis longtemps de taxer les plus fortunés, auraient pu plastronner… si le conseil ne les avait pas, eux aussi, bousculés. Le rapport recommande en effet la prolongation des centrales nucléaires « au moins jusqu’en 2024 », une ligne rouge pour les écologistes et certains membres du SPD, qui ont acté la fin du nucléaire pour le printemps 2023. De quoi alimenter les débats, déjà très houleux, au sein du gouvernement.

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