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« Elisabeth Borne “dure et endure”, sourde aux Cassandre qui prédisent la fin imminente du macronisme »

« Elisabeth Borne “dure et endure”, sourde aux Cassandre qui prédisent la fin imminente du macronisme »


Trois premiers ministres au profil très différent se sont succédé depuis le début du premier mandat d’Emmanuel Macron, tordant le nez à l’idée selon laquelle le quinquennat aurait tué la dyarchie en réduisant à néant le rôle de numéro deux de l’exécutif. Elisabeth Borne, qui vient de franchir l’étape des six mois à Matignon, a bel et bien une existence propre, qui ne tient heureusement pas à sa condition de femme. En cette date anniversaire, les comparaisons avec la malheureuse Edith Cresson qui avait essuyé la misogynie de tous les politiques, y compris ceux issus de son camp, lorsqu’elle s’était installée rue de Varenne, le 15 mai 1991, ont été quasi inexistantes. C’est le signe que la société évolue dans le bon sens, que des discriminations naguère criantes ont été suffisamment réduites pour qu’on ne s’étonne plus aujourd’hui qu’une femme puisse être promue et durer à un poste aussi exposé. Tant mieux !

De l’ancienne préfète, passée par la direction de la RATP et trois postes ministériels, on retient surtout le haut niveau de technicité, la capacité à « avaler » sans sourciller des piles de dossiers, l’attente exigeante qu’elle exerce sur ses collaborateurs et les membres du gouvernement au moment où le pays est confronté à une succession inédite de crises. L’essentiel pourtant n’est pas là. Venue des rangs de la gauche, ayant appartenu au cabinet du premier ministre Lionel Jospin dans les années 1997-2002, puis accompagné l’équipe de Bertrand Delanoë à la mairie de Paris entre 2008 et 2013, Elisabeth Borne est une femme de gauche qui se méfie des postures, affronte le réel et croit dur comme fer aux vertus du dépassement.

Elle s’est battue pour obtenir le poste qui avait, dans un premier mouvement présidentiel, paru devoir échoir à une femme de droite, la présidente de la communauté urbaine du Grand Reims, Catherine Vautrin (Les Républicains, LR). Elle se battra tant qu’elle peut pour tenter de faire vivre le « en même temps », le « et de droite et de gauche » dont se prévaut le chef de l’Etat depuis 2017, dans l’espoir de créer un rassemblement suffisamment solide pour s’attaquer aux maux qui sapent le pacte républicain : le chômage de masse, la crise des services publics, le sentiment de relégation et la crainte du déclassement social. Sa conviction est que seule l’alliance des bonnes volontés permettra de venir à bout de la dépression collective qui sert de carburant au Rassemblement national.

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Influence incontestable

Elisabeth Borne n’a rien d’une frondeuse. Nul ne peut citer un acte de déloyauté ou une prise de distance à l’égard de l’Elysée mais son influence sur les sujets du moment est incontestable. C’est elle, ancienne ministre de l’environnement, qui porte la transition écologique, flanquée, pour la première fois, d’un secrétariat général à la planification directement rattaché à Matignon. Sur le dossier des retraites, elle a plaidé et obtenu avec d’autres qu’une concertation sérieuse précède le lancement de la réforme, dont elle ne nie pas l’urgence mais dont elle ne mésestime pas non plus les risques d’incompréhension. Sur l’immigration, elle a fait en sorte que le texte porté par Gérald Darmanin, le ministre de l’intérieur, ne soit pas seulement répressif mais qu’il traite aussi de l’immigration du travail et renforce les parcours d’intégration. Que certains à droite puissent mettre un trait d’égalité entre immigré et délinquant la révulse.

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