Le gouvernement français prévoit la création de six nouveaux réacteurs nucléaires EPR 2. Cependant, même si les travaux commencent, le premier réacteur ne sera pas opérationnel avant 2035, au plus tôt et sous le scénario le plus favorable. En attendant, le gouvernement explore la possibilité d’accroître les capacités des réacteurs nucléaires existants en optimisant ou en remplaçant certaines pièces.
Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition énergétique, a indiqué au journal Le Monde le 8 avril avoir demandé à EDF « de mettre à l’étude une augmentation de puissance du parc nucléaire français ». Cette demande fait suite au conseil de politique nucléaire présidé par Emmanuel Macron le 3 février. Les conclusions de l’étude sont attendues pour la fin de l’année, « en lien avec l’Autorité de sûreté nucléaire [ASN] ».
« Cette instruction technique s’inscrit dans l’ensemble des mesures visant à augmenter la production d’énergie décarbonée en France et donc dans la politique de relance de la filière nucléaire française », souligne Mme Pannier-Runacher. Il est difficile de quantifier à ce stade le gain espéré pour les cinquante-six réacteurs français, qui constituent la principale source d’électricité du pays.
« Chaque mégawatt est bon à prendre »
Selon Sylvie Richard, directrice du « grand carénage » d’EDF -qui conçoit des programmes d’inspection et de rénovation pour prolonger la durée de vie des centrales-, des « ordres de grandeur de 4 % à 5 % de puissance » en plus sur certains réacteurs pourraient être envisageables. Pour une tranche de 1 300 MW, la puissance pourrait passer à 1 365 MW. Si ces augmentations étaient appliquées à chacune des vingt unités de 1 300 MW, cela équivaudrait à la création d’une vingt et unième unité.
« Chaque MW électrique est bon à prendre », concède Mme Richard. La dirigeante s’est récemment rendue à la centrale de Saint-Laurent (Loir-et-Cher), où l’un des réacteurs est en examen approfondi dans le cadre de sa quatrième visite décennale.
Selon Agnès Pannier-Runacher, l’étude concernera l’ensemble du parc actuel comprenant trente-deux tranches de 900 MW, vingt de 1 300 MW, et quatre de 1 450 MW, pour un total d’environ 61,4 gigawatts. Il convient de noter que l’EPR de Flamanville (Manche), d’une puissance d’environ 1 600 MW, devrait entrer en service en 2024, avec douze ans de retard. La ministre souligne qu' »il existe des marges de manœuvre », comme l’ont montré des exemples internationaux aux États-Unis, selon la Nuclear Regulatory Commission (NRC), l’organisme de réglementation aux États-Unis.
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