Après la Banque de France, c’est au tour des prévisonnistes du cabinet Rexecode de se montrer plus pessimistes que le gouvernement pour l’an prochain.
Si l’économie française résistera plutôt bien cette année aux vents contraires, avec une croissance estimée à 2,6/2,7%, le ralentissement sera marqué en 2023, estime la plupart des économistes.
Mais quelle sera l’ampleur du coup de frein? Alors que le gouvernement rejette toute idée de récession avec une activité annuelle encore en hausse de 1% (contre +1,4% prévu précédemment), la Banque de France se montre moins optimiste avec une projection moitié moindre: +0,5%.
Mais « cette projection est entourée d’incertitudes très larges liées à l’évolution de la guerre en Ukraine » ainsi qu’aux « quantités et prix d’approvisionnement en gaz » et à « l’ampleur de la durée des mesures gouvernementales de protection des ménages et des entreprises », note l’institution.
« L’économie européenne pâtira plus encore des contraintes d’offre »
Un avis partagé par les analystes de Rexecode qui voient tout simplement la croissance française à 0% en 2023 sur un an.
« Le ralentissement de l’activité économique mondiale, voire sa contraction en Chine et aux Etats-Unis au premier semestre, a relâché un peu la pression sur les approvisionnements et sur les prix de matières premières. Mais, alors qu’une mécanique inflationniste portée par les salaires est installée aux Etats-Unis et se dessine en Europe, la remontée des taux va se poursuivre. L’économie européenne pâtira plus encore des contraintes d’offre (énergie, main d’œuvre), au point d’entrer en récession courant 2023 », explique le cabinet dans une note.
Concrètement, Rexecode prévoit une croissance mondiale de +2,1% l’an prochain (contre 2,7% en 2022), de 0% dans la zone euro (contre +3,3% cette année) et donc de 0% en France contre +2,6% cette année.
« C’est en Europe que les craintes de récession se font de plus en plus vives, dans un contexte de grande incertitude sur les accès à des ressources aussi fondamentales que l’énergie ou la main d’oeuvre, poursuit le cabinet. En France, le niveau de la dépense des entreprises et des ménages ne pourra que pâtir du recul des revenus réels et de conditions du crédit moins favorables en termes nominaux, au point de déboucher sur une stagnation du PIB en 2023 ».
Pour le ministre de l’économie Bruno Le Maire, la croissance en 2023 restera au contraire « positive ». « Les fondamentaux de la France sont suffisamment solides pour que nous puissions passer cette crise », a-t-il estimé.
Et malgré le côté très hasardeux de prévisions à moyen-terme, Bercy estime que la croissance française accélerera à nouveau à partir de 2024 avec +1,6% puis +1,7% en 2025 et 2026 et +1,8% en 2027.