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dans le sport, une prise de conscience à géométrie variable

dans le sport, une prise de conscience à géométrie variable


Sarah Abitbol et Stéphane Bernadis aux Championnats d’Europe de patinage artistique 2003, à Malmö (Suède).

« J’ai été violée par mon entraîneur à 15 ans. » Fin janvier 2020, Sarah Abitbol revient, dans le livre Un si long silence (Plon), sur les sévices sexuels qu’elle a subis adolescente. L’ancienne patineuse artistique française raconte aussi comment celui qu’elle accuse, Gilles Beyer, a pu continuer à s’occuper de jeunes athlètes en dépit des soupçons qui pesaient sur lui et d’une enquête menée au tournant des années 2000. Elle n’a pas porté plainte, les faits sont prescrits. L’enjeu est ailleurs : « Beaucoup de gens ont gardé le silence. Le rompre, c’est casser des années de petits arrangements, c’est déséquilibrer tout un écosystème. »

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La déferlante #metoo, amorcée deux ans et demi plus tôt aux Etats-Unis, a libéré la parole sur les violences sexuelles et sexistes. Des centaines de milliers de victimes – dans la plupart des cas des femmes – ont enfin osé s’exprimer. Parmi elles : Simone Biles. La quadruple championne olympique de gymnastique fait partie de la centaine de jeunes femmes agressées par Larry Nassar, le médecin de l’équipe nationale américaine. « Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles j’ai hésité à partager mon histoire, mais je sais maintenant que ce n’est pas de ma faute », écrivait-elle sur Twitter, le 15 janvier 2018.

En France, le témoignage de Sarah Abitbol a entraîné un flot de révélations, dans presque toutes les disciplines. Au 31 décembre 2021, la cellule du ministère des sports chargée de traiter les signalements de violences recensait 655 personnes mises en cause dans 610 affaires, dont 89 % concernent des faits de nature sexuelle. « Le temps de l’omerta, du silence, de la solitude est terminé », déclarait lors de la présentation de ces chiffres, le 9 mars, Roxana Maracineanu, alors ministre en exercice. « Je n’imaginais pas qu’il existait tant de situations dramatiques dans notre champ sportif, moi qui ai eu la chance, au cours de ma carrière, de ne jamais vivre de telles atrocités », ajoutait l’ancienne nageuse.

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En octobre 1991, la lanceuse de marteau Catherine Moyon de Baecque avait porté plainte contre des membres de l’équipe de France d’athlétisme après avoir été agressée sexuellement lors d’un stage. Trois hommes seront condamnés à des peines de prison avec sursis ; elle sera rejetée par le monde du sport. « Je peux affirmer que ce genre d’agressions existe encore et [qu’elles] sont couvertes, assurait-elle sur France 2, en 1998. Il y a un long travail [à faire] (…) pour faire changer cette situation. »

Rapport particulier au corps

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