OTTAWA – Le «convoi de la liberté» bénéficiait de fuite des services de police et de la sympathie des policiers, d’après l’avocat de certains organisateurs du mouvement qui ont occupé la capitale fédérale l’hiver dernier.
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«Plusieurs des ex-agents étaient connectés et amenaient des renseignements (…) Le convoi de la liberté recevait des fuites d’information des services de police», peut-on lire dans le résumé de l’entrevue réalisée par Keith Wilson, déposé en preuve mercredi devant la Commission d’enquête sur les mesures d’urgence.
M. Wilson a offert plus détails sur ces allégations stupéfiantes après son témoignage, devant un groupe de journalistes.
Selon ses dires, les fuites policières étaient «constantes et étendues», de nature opérationnelle, et pouvaient détailler le comportement policier sur «qui allait faire quoi, comment et où».
M. Wilson a soutenu, sans toutefois présenter de preuve à l’appui, que les fuites provenaient de la GRC, du Service de Police d’Ottawa, de la Police provinciale de l’Ontario et du Service de renseignement canadien.
Ces fuites pouvaient par exemple détailler le lieu et l’heure d’une descente policière prévue.
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Collaboration
Durant son témoignage, l’avocat a insisté sur ses efforts de collaboration avec les forces de l’ordre, et souligne que les agents sur le terrain étaient sympathiques aux manifestants.
Selon lui, la police s’est rendu compte du problème des fuites, elle s’est mise à lancer de fausses opérations pour en trouver la source. Néanmoins, le convoi a bénéficié de renseignements «tout au long» de la crise, d’après Me Wilson.
Me Wilson a expliqué que le convoi bénéficiait des ressources et des connaissances d’ex-agents de police, d’ex-militaires et d’ex-agents des Service canadiens de renseignement de sécurité (SCRS).
Pendant la crise, l’ex-chef de la police d’Ottawa, Peter Sloly, a déclaré que ces individus représentaient un risque majeur, car ces individus avaient des capacités d’organisation, de logistique et de financement hors du commun.
C’est par exemple un ex-tireur d’élite au sein de la GRC, affecté à la sécurité du premier ministre jusqu’à l’automne 2020, Daniel Bulford qui assurait la sécurité du convoi.
Renverser le gouvernement.
L’expert en renseignement du convoi, Tom Marazzo, était quant à lui un ex-capitaine dans les Forces armées canadiennes ayant travaillé au sein d’unités de renseignement de la Défense nationale et de la GRC.
M.Marazzo est membre du regroupement Police on Guard for Thee. Durant la crise, il a invité les partis d’opposition et la gouverneure générale à s’asseoir avec les organisateurs du convoi afin de former une coalition.
C’est ce que prévoyait le protocole d’entente (MOU) qu’une partie des manifestants souhaitait faire signer à la gouverneure générale afin de renverser le gouvernement, un document «absurde», d’après Me Wilson qui a déclaré aujourd’hui ne jamais l’avoir appuyé.
Devant la commission aujourd’hui, M.Marazzo a plaidé qu’il était malade et déshydraté et qu’il s’était mal exprimé le jour où il avait fait cette déclaration appelant à la création d’une coalition. Il a affirmé ne jamais avoir appuyé le protocole d’entente (MOU).
L’ex-militaire a par ailleurs défendu le fondateur du groupe d’extrême droite Diagolon, Jeremy MacKenzie, qu’il présente comme un humoriste.
L’homme a été arrêté en septembre sur la base d’un mandat d’arrêt pancanadien pour voies de fait, braquage d’une arme à feu, utilisation d’une arme à autorisation restreinte de manière imprudente et méfait. Il avait quelque jour plus tôt menacé de violer l’épouse du chef de l’opposition, Pierre Poilièvre.
Également ex-militaire, Jeremy MacKenzie prône la guerre raciale, sur sa chaîne Telegram, dans le but de fonder une Amérique blanche de l’Alaska à la Floride. Un arsenal d’arme a été trouvé à son domicile en janvier, puis le logo de Diagolon est apparu sur du matériel militaire découvert à Couts, en Alberta, en marge du blocage frontalier qui a paralysé ce secteur en février.