UNE RÉVOLUTION DANS L’INNOVATION SOCIALE AUX ÉTATS-UNIS
En silence, une révolution dans l’innovation sociale a lieu aux Etats-Unis, qui se tournent vers un nouvel outil, les « baby bonds », pour relever le défi de l’explosion des inégalités à une époque où la richesse s’accumule de plus en plus par l’héritage.
LES BABY BONDS AUX ÉTATS-UNIS
Alors que les baby bonds ont été expérimentés par les travaillistes – puis abandonnés par les conservateurs – au Royaume-Uni entre 2002 et 2011, ils prennent de l’ampleur aux Etats-Unis, où près d’un quart des Etats manifestent actuellement un intérêt certain pour un programme visant à doter les citoyens américains de 18 ans d’un « capital de départ » de plusieurs dizaines de milliers de dollars pour démarrer une entreprise, acheter une maison, épargner pour la retraite ou poursuivre des études universitaires.
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LA NAISSANCE DE L’IDÉE DE BABY BONDS
Née dans le sillage de la Révolution française, l’idée a fait son apparition dans les cercles politiques américains il y a plus de quinze ans. En campagne auprès de la communauté afro-américaine lors des primaires démocrates, la sénatrice Hillary Clinton en a parlé dès 2007. Sous la présidence Obama, une avancée décisive a lieu avec la publication d’un rapport de référence par les économistes Darrick Hamilton et William Darity Jr, qui ont suggéré de créer des baby bonds d’un montant de 50 000 à 60 000 dollars, ce qui, selon eux, pourrait réduire l’écart de richesse entre les Blancs aisés et les Afro-Américains pauvres.
PROPOSITIONS DE BABY BONDS DANS DIFFÉRENTS ÉTATS
Depuis, l’étude en a inspiré beaucoup, le sénateur et ancien candidat à la présidentielle Cory Booker ayant proposé des « American Opportunity Accounts » dès 2018. En 2021, ce dernier a réintroduit une proposition de baby bonds offrant jusqu’à 50 000 dollars, une proposition qui a suscité le soutien de pas moins de 15 sénateurs. L’idée fait son chemin chez les démocrates, avec des propositions similaires dans plusieurs États tels que la Californie, le District de Columbia, le Massachusetts, et d’autres.
LE CONNECTICUT MONTRE LA VOIE
Aucun, cependant, n’est allé aussi loin que l’Etat du Connecticut dirigé par un démocrate, le gouverneur Ned Lamont, qui a été le premier aux États-Unis à adopter une loi mettant effectivement en œuvre un programme de baby bonds en 2023.
L’ÉTAT DU CONNECTICUT ET LES BABY BONDS
Depuis le 1er juillet 2023, l’adhésion est automatique si le nouveau-né est couvert par HUSKY, la couverture de l’État pour les plus précaires. L’État investit ainsi 3 200 dollars (2 950 euros) dans le Connecticut Baby Bonds Trust pour chaque enfant né dans l’indigence, ce qui concernera désormais en moyenne 15 000 bébés chaque année. Les bénéficiaires peuvent encaisser leur capital entre 18 et 30 ans pour financer des projets tels que le lancement d’une entreprise, l’acquisition d’un diplôme universitaire, l’achat d’une maison ou pour épargner pour la retraite.
RESSOURCES RÉINVESTIES LOCALEMENT
Avec 400 millions de dollars mis de côté, le Trust est déjà financé pour près de douze ans, ce qui le protège de troubles politiques au cours de cette période. Pour rester éligibles à la majorité, les individus doivent être des résidents du Connecticut. Le Trésorier Russel note que les enfants nés dans la pauvreté peuvent réinvestir leurs fonds dans leurs propres communautés, fournissant ainsi un coup de pouce bienvenu pour soulever un groupe plutôt qu’un seul individu.
LA FRANCE ET LES BABY BONDS
La France est, elle aussi, confrontée à la réémergence d’une société du privilège. Dotera-t-elle ses citoyens les plus démunis d’un capital de départ pour y faire face ?
Pour plus d’informations, consultez les liens suivants :
– Site officiel du Connecticut Baby Bonds Trust
– Proposition de Cory Booker concernant les baby bonds
– Rapport détaillé sur les moyens de mise en œuvre de la proposition dans l’État du Massachusetts
– Proposition de baby bonds dans l’État de Washington