A moins d’un an du coup d’envoi de la Coupe du monde de rugby 2023 en France, l’une de ses figures a été destituée. A la suite du vote d’un conseil d’administration extraordinaire, le comité d’organisation du Mondial de rugby a annoncé, mardi 11 octobre dans un communiqué, avoir révoqué Claude Atcher, le directeur général de la Coupe du monde à venir.
Mis à pied à titre conservatoire dans un premier temps, en raison de « pratiques managériales alarmantes », Claude Atcher n’a pas survécu aux conclusions de la mission de l’inspection du travail, demandée par la ministre des sports, Amélie Oudéa-Castéra, à la suite de la parution dans L’Equipe, le 22 juin, d’une enquête dénonçant le climat social délétère au sein du comité d’organisation.
Si les conclusions du rapport de l’inspection du travail n’ont pas été rendues publiques, elles corroborent celles du rapport du comité d’éthique du Groupement d’intérêt public (GIP) France 2023 – dont font partie la Fédération française de rugby (FFR), l’Etat, et le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) –, remis fin août.
Dénonçant « des pratiques managériales alarmantes de la part du directeur général, altérant le fonctionnement de la structure, et de l’état de souffrance d’un certain nombre de collaborateurs », la ministre des sports avait suspendu Claude Atcher à titre conservatoire.
Un remue-ménage à moins d’un an du Mondial
Ancien joueur professionnel, ancien « joueur remplaçant » au sein du XV de France, celui qui a grandement participé à l’obtention des Coupes du monde de rugby 2007 et 2023 par la France, et 2019 par le Japon est poursuivi par ailleurs pour « recel d’abus de confiance », « abus de biens sociaux » et « travail dissimulé par dissimulation d’activité ». « Je fais partie des personnes qui comptent. Peu de gens sont capables de livrer, à partir d’une feuille blanche, de tels événements », avait plastronné Claude Atcher lors de son procès, à la mi-septembre, dans lequel il comparaissait aux côtés du président de la FFR, Bernard Laporte, et de plusieurs autres « barons » de l’ovalie tricolore.
Et si le procureur a requis un an de prison ferme contre lui, Claude Atcher n’en a sans doute pas terminé de ses démêlés judiciaires. L’inspection générale des finances et l’inspection générale de l’enseignement supérieur et de la recherche mènent conjointement une mission visant à « analyser l’existence d’éventuels manquements à la probité économique et financière ou de conflits d’intérêts » au sein du GIP. Y sont notamment étudiés l’utilisation faite par l’ancien troisième ligne de la carte bancaire du GIP pour des dépenses personnelles, ainsi que l’usage répété d’un chauffeur privé, facturé au GIP, ne se limitant pas au strict champ professionnel.
Claude Atcher et son « savoir-faire » ne seront plus aux manettes de ce qu’il considérait comme « sa Coupe du monde » – selon ses propos, rapportés par L’Equipe en juin. Proche de Bernard Laporte, il est éjecté de son organisation, avec effet immédiat. Le comité d’organisation du Mondial n’ayant guère de temps à perdre, le tournoi se rapprochant, son nouvel organigramme a été validé lundi. Actuel directeur général par intérim, Julien Collette succède à Atcher tandis que Martine Nemecek est nommée directrice générale adjointe. A moins d’un an du début de la compétition (du 8 septembre au 28 octobre), et alors que le XV de France surfe sur une dynamique positive après son grand chelem en 2022 dans le Tournoi des six nations, le rugby français se serait bien passé d’une mêlée indistincte, loin des terrains.