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« Chacune à sa façon, ces trois gloires nationales incarnent une revanche »

« Chacune à sa façon, ces trois gloires nationales incarnent une revanche »


La France brille sur la scène internationale. Moins pour sa diplomatie, ses réformes sociales ou son modèle écologique, que pour les prestigieuses récompenses obtenues par des sportifs ou des intellectuels qui y sont nés. Les prix Nobel d’Annie Ernaux en littérature et d’Alain Aspect en physique, comme le Ballon d’or de Karim Benzema, sont des motifs de fierté nationale. Tous trois représentent des formes différentes d’ascension sociale, des transfuges de classe qui n’ont pas oublié leurs origines modestes.

Fils d’instituteurs, le physicien Alain Aspect, né à Agen, est passé par l’École normale supérieure de Cachan avant de devenir directeur de recherche au CNRS. Fille de petits commerçants normands, Annie Ernaux, un temps professeure dans le secondaire, a choisi d’écrire pour « venger sa race » – son œuvre embrasse à la fois la condition des femmes, des classes populaires et toutes les petites violences au fondement de la vie quotidienne. Fils d’un agent d’entretien et d’une femme au foyer originaires d’Algérie, Karim Benzema, enfin, passé de jeune talent du football français à star mondiale et capitaine du club du Real Madrid, est né dans les années 1980 dans la banlieue lyonnaise, au moment où les cités ont été constituées en problème et leur jeunesse stigmatisée.

Chacune à sa façon, ces trois gloires nationales incarnent une revanche. Sur le destin, bien sûr, mais aussi, et peut-être surtout, sur les élites françaises. Pour Alain Aspect, revanche d’un service public de la recherche dénigré et rabaissé par les évolutions managériales de notre système de l’enseignement supérieur. Le nouveau Prix Nobel ne s’est d’ailleurs pas privé de réclamer plus de moyens pour la recherche publique. Le relatif anonymat de la science l’a néanmoins préservé de la vindicte publique et du mépris social qui ont terni les succès d’Annie Ernaux et Karim Benzema.

Des destins contrariés

L’écrivaine, parce qu’elle a fait le choix d’une littérature autobiographique et d’un style acéré, sans fioriture, s’est vue reprocher ses partis pris. Un chroniqueur littéraire connu l’a même accusée de « ressasser son injustice sociale » et l’a moquée en des termes cruels, faisant preuve d’une condescendance de classe mâtinée de misogynie : « Récapitulons : en un demi-siècle, Annie Ernaux a successivement écrit sur son père, sa mère, son amant, son avortement, la maladie de sa mère, son deuil, son hypermarché. Cette fois, c’est sur son dépucelage raté durant l’été 1958, en colonie de vacances » (Le Figaro Magazine, 22 avril 2016).

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