in

Célébrer l’héritage du Front national sans Jean-Marie Le Pen : l’impossible pari du RN

Pourquoi la France s’accroche à des ilots inhabités ?


« Je suis le Fantômas de la politique ! » Jean-Marie Le Pen rit à gorge déployée dans un fauteuil fatigué du manoir de Montretout, à Saint-Cloud. Après tant de vies, le cofondateur du Front national (FN) s’imagine dans la peau de l’insaisissable « génie du crime », commentant cet étrange paradoxe : pour ses 50 ans, le Rassemblement national (RN) s’apprête à vanter son inestimable contribution à la vie politique du pays, sans convier celui qui en serait à l’origine. Le vieux baron de l’extrême droite préfère juger tout cela microscopique, plus que mesquin. « J’ai pensé que si c’était intéressant, je serais mis au courant. Je ne vais tout de même pas partir à la recherche d’informations dans le FN-RN… Vous connaissez le programme, vous ? »

Le RN organise, jeudi 6 octobre, à l’Assemblée nationale, un colloque dont le titre se veut prophétique : « De l’espoir au pouvoir. » Au menu, trois conférences animées par des cadres du parti ou des proches, le sondeur Jérôme Sainte-Marie, futur dirigeant d’une « école des cadres » du RN, et l’avocat Pierre Gentillet, cofondateur du petit syndicat étudiant de droite radicale La Cocarde. Ils tenteront de faire la démonstration que le FN « a toujours été un parti républicain » et qu’il a su imposer ses thèmes dans le débat public – immigration, laïcité, patriotisme économique…

Pédagogie

A l’issue du colloque ne devrait s’imposer qu’une seule conclusion : la fierté de l’héritage frontiste, et donc de Jean-Marie Le Pen. Mais ce n’est pas jeudi que Marine Le Pen, invitée à conclure l’exposé, se réconciliera avec l’histoire de son parti. C’est elle qui a effacé le rôle de président d’honneur à l’issue d’une longue bataille juridique avec son père ; elle qui a rompu avec la tradition du rassemblement du 1er-Mai ; elle qui promeut plus volontiers les ralliés d’autres formations politiques que les militants historiques du FN.

Le RN est un parti qui n’entretient le culte d’aucun martyr, d’aucune figure tutélaire, et ne s’interroge jamais sur son histoire tourmentée. « Il y a là-dessus une certaine schizophrénie et de l’ingratitude. On peut dire que l’on a été en désaccord avec tel ou tel propos sans vouloir se dissocier de l’ensemble de l’héritage, se désole une ancienne figure du mouvement. C’est une question de cohérence humaine, pas seulement politique. »

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Entre l’extrême droite française et italienne, une longue histoire

Pas grand monde n’aime avoir 50 ans, mais il a semblé ces derniers mois que cette échéance inspirait une frousse particulière aux dirigeants du RN. Au mois d’août, ils n’étaient pas encore certains de vouloir l’affronter. L’aspect inévitable du sujet, et la couverture médiatique qui allait l’accompagner, a convaincu le parti que la meilleure manière de passer ce mauvais moment était de faire de la pédagogie « sans historiens subventionnés par l’Etat », dixit Jordan Bardella.

Il vous reste 30.71% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

La semaine de quatre jours? Les PME n’en veulent pas

La semaine de quatre jours? Les PME n’en veulent pas

En 2029, l'Arabie Saoudite organisera les Jeux asiatiques d'hiver en plein désert

En 2029, l’Arabie Saoudite organisera les Jeux asiatiques d’hiver en plein désert