Le froid et la pluie règnent en maîtres dans les rues de Bruxelles ce 19 novembre, veille de l’ouverture du Mondial 2022 au Qatar. Non loin de la gare du Midi dans laquelle les passants se groupent à l’abri de ces intempéries, irradie une oasis de chaleur : le Café Tétouan. Bien connu pour être le quartier général des supporteurs belgo-marocains – la capitale concentre près de 40 % des ressortissants d’origine marocaine du pays –, l’estaminet bruxellois se situe sur une artère où se mêlent snacks et magasins de téléphonie mobile.
Un lieu de passage, où quelques internationaux, tels Nabil Dirar ou Marouane Fellaini, avaient leurs habitudes en début de carrière. Les inconditionnels de football s’y retrouvent toujours pour suivre les rencontres du championnat marocain ou de la sélection des Lions de l’Atlas.
Temps glacial oblige, les clients enchaînent les verres de thé à la menthe, yeux rivés sur les écrans géants qui diffusent en boucle les images des fan-zones qataries. L’affiche du groupe F entre la Belgique et le Maroc, dimanche 27 novembre, occupe les esprits et les discussions. « Ça va être la folie. On attend près de 250 personnes. Je n’accepte aucune réservation et je vais devoir retirer tables et chaises », anticipe Hicham, patron des lieux depuis 2000. « Ils vont s’y mettre dès six heures du matin pour tout mettre en place. Hicham prépare la rencontre depuis l’annonce du tirage en juillet », abonde Anouar, 27 ans, habitué des lieux qui a pris un mois de congé pour ne rien manquer du tournoi.
Lions de l’Atlas et Diables Rouges ne se sont croisés qu’à une seule reprise en compétition internationale. C’était lors du Mondial 1994, pour un court succès belge (1-0). « Il y avait la même effervescence en Belgique. C’était un véritable branle-bas de combat se souvient Abdellatif Khlale, correspondant en Belgique pour le journal marocain Al Bayane à l’époque. Comme en 1994, ce sera le match des frères, et des sentiments. »
Les traditions dans le sang
Les drapeaux du Maroc et de la Belgique accrochés au mur du café pointent les liens étroits entretenus depuis longtemps par les deux pays. Depuis le 17 février 1964, une convention alors signée par les ministres du travail des deux pays, Léon Servais et Thami Ouazzani, facilite l’installation des Marocains en Belgique. Soixante ans plus tard, selon l’office belge de statistique Statbel, les personnes de nationalité ou d’origine marocaine représentent 15 % de la population étrangère ou d’origine étrangère vivant en Belgique, soit 580 000 habitants.
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