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« Avec le retour de la guerre sur le sol européen, les enjeux de la loi de programmation militaire dépassent sa seule dimension budgétaire »

« Avec le retour de la guerre sur le sol européen, les enjeux de la loi de programmation militaire dépassent sa seule dimension budgétaire »


Un « pognon de dingue » ? Emmanuel Macron n’a pas l’habitude d’user de tels mots pour parler du budget des armées. La France va même devoir poursuivre ses efforts financiers si elle veut « avoir en 2030 les armées de la décennie à suivre, et non celles de la décennie qui précède ». C’est ainsi que le président de la République a fixé l’ambition de la prochaine loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030, le 9 novembre, depuis le porte-hélicoptères amphibie Dixmude amarré dans la rade de Toulon. Un projet qu’il veut présenter au Parlement « au début de l’année prochaine ».

M. Macron s’est gardé de dévoiler toute trajectoire budgétaire, préférant vanter « le véritable réarmement de la nation » décidé au début de son premier quinquennat. Le gouvernement a respecté ses engagements et les crédits (hors pensions) ont augmenté de 36 % depuis 2017. La France est en passe de respecter la directive de l’OTAN, qui invite ses 30 pays membres à consacrer au moins 2 % de leur PIB à la défense. Mais pour les militaires, cet effort ne constitue qu’un rattrapage partiel, voire la « réparation » de vingt-cinq ans de sous-investissement dans la défense.

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Le réarmement est loin d’être achevé. La guerre russo-ukrainienne, avec ses dizaines de milliers de morts, ses centaines de chars détruits et son usage effréné d’obus et de missiles, a rappelé ce qu’est une vraie guerre à des Européens qui l’avait oublié depuis 1945. Avant même ce conflit, le chef d’état-major des armées, le général Thierry Burkhard, soulignait l’impréparation de la France à un conflit de « haute intensité », où les pertes humaines et matérielles peuvent être rapides et massives. Dans l’hypothèse improbable d’une invasion de son territoire, la France ne pourrait mobiliser que 25 000 hommes, et ses deux divisions couvrir un front de 83 kilomètres seulement indiquait L’Opinion dans son édition du 6 octobre. Les forces aériennes, avec une trentaine de Rafale, ne tiendraient que quelques jours.

Nombreux « trous capacitaires »

Scénario théorique, puisque les forces de l’Alliance atlantique seraient mobilisées. Les patrons des trois armées, auditionnés en juillet à l’Assemblée nationale, n’en ont pas moins décrit sans détour de nombreux « trous capacitaires ». Le général Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de terre, a réclamé plus de missiles sol-air, de drones, de canons de longue portée de type Caesar, de systèmes de communication et de matériels de franchissement d’obstacles. L’amiral Pierre Vandier, chef d’état-major de la marine, a regretté la réduction de moitié du format des forces navales en trente ans et demande plus de grands bâtiments de surface, comme les frégates FREMM et FDI. Chef d’état-major de l’armée de l’air et de l’espace, le général Stéphane Mille juge la flotte d’avions de chasse insuffisante pour assurer la double mission de force stratégique nucléaire et d’appui des troupes dans un conflit conventionnel.

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