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Au Sénégal, Ousmane Sonko, le candidat de toutes les frustrations

Au Sénégal, Ousmane Sonko, le candidat de toutes les frustrations


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L’opposant Ousmane Sonko, à Dakar, le 8 juin 2022.

Depuis la fenêtre de son bureau, Ahmed Aïdara pointe avec gourmandise le bâtiment flambant neuf qui lui fait face. « C’est la nouvelle mairie, qui doit être inaugurée dans un mois. Aliou Sall, le petit frère du président, malgré tout le soutien qu’il a reçu, n’aura pas eu le temps d’en profiter », s’amuse le nouvel édile de Guédiawaye, une banlieue-dortoir de Dakar, où s’entassent désormais près de 400 000 habitants.

Journaliste connu jusque-là pour ses revues de presse décapantes pour le pouvoir sénégalais, Ahmed Aïdara, 44 ans, s’exprime avec la confiance de ceux qui se sentent portés par une dynamique victorieuse. Après avoir arraché, en janvier, la mairie au frère cadet de Macky Sall, le voilà sûr que, dimanche 31 juillet, les électeurs lui offriront un siège à l’Assemblée nationale et permettront à la principale coalition de l’opposition, Yewwi Askan Wi (YAW, « libérer le peuple »), dont il est la tête de liste sur place, d’imposer une cohabitation au pouvoir en place. « Bien sûr que nous aurons la majorité ! Entre les inondations, la cherté de la vie, les scandales de corruption, qui ne sont jamais jugés, et les injustices dont nous sommes victimes, le contexte n’est pas favorable au régime », dit-il de sa voix rauque. En juin, le candidat à la députation a été emprisonné pendant dix jours pour participation à une manifestation non autorisée et trouble à l’ordre public, alors qu’il se rendait à pied, assure-t-il, à son bureau.

Lire aussi : Au Sénégal, l’impasse politique s’accentue avant les élections législatives

Surtout, pense-t-il, à l’instar de la quasi-totalité des Sénégalais, ces élections législatives seront une répétition de la présidentielle de février 2024 sur laquelle le chef de l’Etat entretient le plus grand mystère quant à ses intentions. Briguera-t-il ou non un troisième mandat, contraire à l’esprit de la Constitution, au risque de provoquer un immense mouvement de colère dans un pays attaché à ses acquis démocratiques ? La réponse dépend en bonne partie des résultats du vote de dimanche.

« Vrai phénomène »

Pour l’heure, un seul candidat déclaré semble en mesure d’empêcher cette ambition supposée. Après que la justice a successivement coupé les ailes de Karim Wade, le fils du prédécesseur de Macky Sall, condamné, en 2015, à six ans de prison pour « enrichissement illicite » et désormais en exil au Qatar, puis celles de l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, en 2018, condamné à cinq ans d’emprisonnement pour « faux et usage de faux » et « escroquerie portant sur des fonds publics », l’opposition sénégalaise s’est trouvé un nouveau champion en la personne d’Ousmane Sonko.

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