C’est une petite phrase neutre dans les conclusions du Conseil européen qui s’est tenu jeudi 20 et vendredi 21 octobre à Bruxelles. Les Etats membres ont eu « un débat stratégique sur les relations de l’Union européenne avec la Chine ». La sobriété de cet énoncé ne doit pas tromper. Les Vingt-Sept ont consacré près de trois heures, vendredi, à évoquer les relations avec leur premier partenaire commercial.
Le débat n’a cessé de s’intensifier ces derniers mois, entre les Etats membres, avec la guerre en Ukraine et le soutien apporté par Pékin à la Russie, mais surtout, avec la montée des tensions dans le détroit de Taïwan. « Depuis quelques années, la Chine apparaît de plus en plus comme un modèle alternatif, économique, politique ou social. Un modèle qui défie la vision occidentale, et ce d’une manière plus affirmée, voire agressive », résume un haut fonctionnaire européen.
« Notre propre modèle à développer »
Les instances communautaires aimerait ainsi convaincre les Vingt-Sept d’affermir leur message vis-à-vis de Pékin, tout en conservant leur autonomie vis-à-vis de Washington, qui tente de les emmener dans une confrontation systématique. « Nous avons notre propre modèle à développer », a défendu Charles Michel, le président du Conseil européen. « Il est important que l’Europe fonctionne avec la plus grande confiance en soi possible, mais aussi de manière indépendante », a rappelé Mark Rutte, le premier ministre néerlandais.
Depuis 2019, l’Europe définit sa relation à la Chine selon un triptyque. La Chine est considérée à la fois comme un partenaire en matière commerciale ou sur des grands dossiers mondiaux tel celui du climat, un concurrent technologique et économique et un rival systémique, avec son propre modèle de valeurs, distinct d’un modèle européen démocratique. « C’est un concept assez plastique, qui permet d’englober les rapports des Vingt-Sept avec Pékin », traduit une diplomate européenne. « Pour l’instant, nous n’avons pas l’intention de changer cette grammaire », a assuré Emmanuel Macron, à l’issue des débats.
« Certains Etats membres comme les pays baltes sont favorables à une confrontation bien plus franche avec l’empire du Milieu »
Reste que « le centre de gravité de ce triptyque se déplace de plus en plus, de partenaire à concurrent et rival », rappelle un diplomate européen. Les Etats européens restent cependant encore divisés sur la bonne posture à trouver vis-à-vis de Pékin. Certains Etats membres comme les pays baltes, traumatisés par les représailles exercées par la Chine contre la Lituanie lorsque celle-ci s’est rapprochée de Taïwan, fin 2021, sont favorables à une confrontation bien plus franche avec l’empire du Milieu.
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