Trois journalistes rwandais détenus depuis quatre ans et poursuivis notamment pour avoir diffusé de fausses informations ont été acquittés, mercredi 5 octobre, dans une procédure que les associations de défense des droits humains ont qualifiée de « simulacre ».
Damascène Mutuyimana, Shadrack Niyonsenga et Jean Baptiste Nshimiyimana avaient été arrêtés en octobre 2018 lors d’une campagne de répression contre les youtubeurs critiques du gouvernement. Le trio, qui travaillait pour la chaîne YouTube Iwacu TV, était poursuivi notamment pour avoir incité à l’insurrection et diffusé de fausses informations, selon l’accusation.
Mais un tribunal de Kigali les a acquittés mercredi, affirmant que les procureurs n’avaient « pas apporté suffisamment de preuves à charge ». En conséquence, les journalistes – qui n’étaient pas présents au tribunal au moment du jugement – « doivent être relâchés », selon les juges. Jean-Paul Ibambe, l’avocat des journalistes, a déclaré à l’AFP accueillir « avec bonheur » cet acquittement.
Un « simulacre de procès »
« Le soulagement de l’acquittement des trois journalistes est éclipsé par l’échec du tribunal à arrêter plus tôt ce simulacre de procès », a réagi Lewis Mudge, directeur de Human Rights Watch (HRW) pour l’Afrique centrale. Selon lui, même si les journalistes ont été acquittés, la détention « enverra un message effrayant à ceux qui osent exercer leur droit à la liberté d’expression au Rwanda ».
Le Rwanda, dirigé d’une main de fer par le président Paul Kagame depuis la fin du génocide de 1994, est régulièrement accusé par des ONG de réprimer la liberté d’expression, les critiques et l’opposition politique. Le pays occupe le 136e rang sur 180 dans le classement de Reporters sans frontières (RSF) sur la liberté de la presse.
Dieudonné Niyonsenga, dont la chaîne YouTube, Ishema TV, avait accumulé plus de 15 millions de vues, a été condamné en novembre 2021 à sept ans de prison après avoir été reconnu coupable de quatre chefs d’accusation, notamment de faux et d’usurpation d’identité. Il était connu pour critiquer le gouvernement. Autre figure populaire sur YouTube, Yvonne Idamange, survivante du génocide, a été condamnée à quinze ans de prison en septembre 2021 pour avoir « incité à la violence ».
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