Huit mois après le Mali, le Burkina Faso a ordonné à son tour, samedi 3 décembre, « la suspension immédiate et jusqu’à nouvel ordre » de Radio France internationale (RFI). Les autorités locales reprochent notamment au média français d’avoir relayé un « message d’intimidation » attribué à un « chef terroriste », a justifié le porte-parole du gouvernement burkinabé.
Par cette diffusion, RFI aurait contribué à « une manœuvre désespérée des groupes terroristes en vue de dissuader les milliers de Burkinabés mobilisés pour la défense de la patrie », défend un communiqué signé du porte-parole, Jean-Emmanuel Ouédraogo.
Plus tôt dans la semaine, le Groupe de soutien de l’islam et des musulmans (GSIM, affilié à Al-Qaida), avait diffusé une vidéo dans laquelle l’un de ses chefs au Burkina Faso menaçait de s’attaquer à des villages défendus par des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), supplétifs civils de l’armée, qui vient d’en recruter 90 000 en trois semaines pour faire face à la recrudescence des attaques djihadistes.
Deux coups d’Etat en huit mois
Le gouvernement reproche également à RFI, radio publique française, d’avoir repris dans sa revue de presse de vendredi « une information mensongère, indiquant que “Le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, assure qu’une tentative de coup d’Etat a visé son pouvoir” ». Le communiqué rappelle que « le 3 novembre dernier, le gouvernement avait déjà exprimé son indignation face à l’attitude tendancieuse des journalistes de ce média et leur propension à jeter un discrédit sur la lutte dans laquelle le peuple burkinabé est engagé pour plus de liberté et de dignité ».
Le Burkina Faso, théâtre de deux coups d’Etat militaires en huit mois et en proie depuis 2015 à la violence djihadiste, est le deuxième pays de la région à interdire RFI cette année. Le 27 avril dernier, le couperet était définitivement tombé au Mali, également dirigé par des militaires putschistes, pour la même radio et France 24, deux médias du groupe France Médias Monde (FMM) alors déjà coupés depuis mi-mars – une décision qualifiée de « grave » par Emmanuel Macron. La junte au pouvoir leur reprochait d’avoir relayé des informations selon lesquelles l’armée malienne était impliquée dans des exactions contre des civils. FMM avait alors dénoncé des accusations qui, « en plus d’être totalement infondées », faisaient « référence à la radio ayant encouragé le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994 ».