Le 4 mai 2023, Getir France a annoncé son placement en redressement judiciaire, quelques mois après avoir acquis l’Allemand Gorillas, propriétaire du français Frichti. Cette entreprise turque avait pourtant réussi à trouver son public en proposant des livraisons rapides de courses à domicile, représentant jusqu’à 25% des livraisons de ce type en Île-de-France, selon le cabinet NielsenIQ. Mais le phénomène du « quick commerce », qui a connu un développement fulgurant en Europe avec l’arrivée de concurrents tels que Flink, Cajoo ou encore Gorillas, suscite désormais des inquiétudes quant à sa rentabilité et sa durabilité.
Rodolphe Bonnasse, spécialiste de la grande distribution, explique que ces plateformes ont proposé des promotions et des remises particulièrement alléchantes pour attirer une clientèle volatile, mais au coût d’acquisition très élevé. Ces entreprises ont également dû supporter des frais de foncier liés aux « dark stores », des magasins implantés en centre-ville où sont stockées les commandes, ainsi que des ressources humaines avec des livreurs à rémunérer.
En France, les acteurs du quick commerce font également face à une difficulté supplémentaire liée à la densité de magasins alimentaires de proximité et à la présence des jours de marché. Certaines municipalités cherchent ainsi à encadrer cette activité qui génère de la pollution et de l’encombrement dans les centres urbains. À Paris, une mission d’information co-rapportée par la députée MoDem Maud Gastel se penche sur l’installation des dark stores et leur impact.
Selon Rodolphe Bonnasse, le modèle du quick commerce est en train de mourir de lui-même en raison de son manque de capacité à être durable et rentable. Les entreprises du secteur ont concentré leurs forces pour être plus imposantes, mais la fermeture semble désormais inéluctable. Seules subsistent, actuellement, les plateformes Flink et Getir, qui doivent repenser leur modèle pour espérer survivre.