in

à Marseille, la mairie confrontée à la grogne dans les bibliothèques et les musées

à Marseille, la mairie confrontée à la grogne dans les bibliothèques et les musées


La bibliothèque municipale Alcazar, à Marseille, en août 2020.

Voilette noire sur la tête, Elodie Debureau agite sa clochette devant les portes fermées de l’Alcazar, la bibliothèque municipale à vocation régionale de Marseille (1er). Mercredi 26 octobre, entourée d’une trentaine d’agents, cette déléguée syndicale CGT participe à la journée de grève, lancée par son syndicat et la Fédération syndicale unitaire, qui touche les bibliothèques marseillaises.

« Aujourd’hui, c’est l’avenir de la lecture publique dans cette ville qui se joue », alerte cette agente qui travaille à Saint-André (16e), un autre des neuf sites du réseau. Sur les tracts distribués aux usagers, les slogans dressent un état des lieux brutal. Ici, le nombre effectif d’agents est passé de 318 en 2007 à 188 en 2022. Et l’Alcazar, vaisseau amiral des bibliothèques, a vu fondre ses heures d’ouverture hebdomadaires de quarante à vingt-cinq. « A ce rythme-là, en 2028, on ferme », ironise Elodie Debureau.

Un rapport provisoire de l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche, révélé le 4 octobre par le site d’information Marsactu, confirme, si besoin était, l’état critique du système de lecture publique marseillais. Entre 2004 et 2021, le personnel a fondu de 31 % ; la surface de bibliothèque par habitant est trois fois moindre qu’à Lyon ; et il manque 90 agents « pour revenir au moins à un fonctionnement normal », alors que 90 autres partiront à la retraite dans les cinq ans.

Lire aussi Emmanuel Macron fait de la lecture une « grande cause nationale »

Une situation que les inspecteurs expliquent par une conjonction de facteurs, dont beaucoup sont liés à la mandature précédente de Jean-Claude Gaudin (LR) : le non-remplacement de départs à la retraite de 2007 à 2020, les reclassements multiples d’agents d’autres services « qui ont peu d’appétence pour les métiers de la bibliothèque », et « l’épuisement de ceux qui sont restés ». Autant d’éléments qui nourrissent un mal-être au travail et un taux d’absentéisme élevé (14,6 % en 2021). Et affectent l’accueil des publics, l’offre ou la conservation des documents.

Le rapport pointe ainsi le cas de milliers de manuscrits et de portulans (des cartes marines anciennes), menacés par l’humidité des sous-sols de l’Alcazar. « La division patrimoine, et plus particulièrement l’équipe des fonds rares et précieux, n’est plus en mesure d’assurer [sa] mission (…), et les conditions de conservation des collections patrimoniales ne correspondent pas aux standards préconisés », s’alarment les inspecteurs. Sur le piquet de grève, autour de leurs représentants syndicaux, les agents témoignent anonymement. L’un raconte comment il fait le tour des déshumidificateurs installés dans l’urgence pour retirer « dix litres d’eau par jour ». L’autre évoque les « directeurs des bibliothèques qui restent à peine deux ans », « les ordinateurs en rade », les burn-out de collègues. « On tient parce qu’il y a le public et qu’on reste persuadés que notre travail sert à quelque chose », souffle une spécialiste de la lecture jeunesse.

Il vous reste 53.95% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

La police belge prend un chauffard en chasse: la police néerlandaise prend le relais et perd sa trace

La police belge prend un chauffard en chasse: la police néerlandaise prend le relais et perd sa trace

Félix se tourne vers la finale de la saison

Félix se tourne vers la finale de la saison