Il ne reste que cinq places disponibles sur quatre-vingts, ce vendredi peu après 8 heures, lorsque Samia Belmiloud, 54 ans, vient garer sa voiture dans le parc relais TLC-Cuire, à Caluire, au nord-ouest de Lyon, réservé aux abonnés des transports en commun lyonnais. L’assistante sociale a parcouru une dizaine de kilomètres depuis son domicile situé à Rillieux-la-Pape, et s’apprête à faire 300 mètres à pied pour rejoindre son lieu de travail. « Parfois je prends le bus et le métro pour venir travailler, mais les horaires ne sont pas assez fiables et, le vendredi, je dois revenir tôt », justifie la conductrice.
L’irrégularité des bus, c’est aussi la raison invoquée par Chafia, 64 ans, pour traverser Lyon en voiture tous les matins, depuis le quartier de la Part-Dieu jusqu’au parc de Caluire. L’assistante scolaire (qui ne souhaite pas donner son nom) passe chaque jour plus d’une heure dans sa voiture, empruntant des rues embouteillées.
Les transports en commun ? « Il faut changer de bus, c’est trop compliqué, les bus sont surchargés, j’en vois deux passer sans pouvoir monter », déplore l’éducatrice. Plus loin sur le parking, une médecin (préférant rester anonyme) indique qu’elle a parcouru 3 kilomètres pour garer sa voiture ici, afin de rejoindre le métro tout proche, pour se rendre jusqu’à Perrache, à l’opposé de la ville.
Trois nouvelles lignes de tram
A Lyon, la voiture reste très prisée, assurant près de la moitié des 4,3 millions de déplacements quotidiens des habitants de l’agglomération, selon la dernière enquête ménages déplacements (EMD) du Cerema, qui remonte à 2015. Même si son utilisation diminue continuellement depuis dix ans, avec une baisse de 16 % entre 2012 et 2022, la présence massive de la voiture dans le paysage urbain constitue un casse-tête pour l’exécutif écologiste de Lyon.
« L’objectif est de faire baisser la pollution, pas la voiture », a précisé Bruno Bernard, président (EELV) de la métropole de Lyon, jeudi 8 septembre, à l’occasion de sa rentrée politique devant le Club de la presse de Lyon. Les écologistes lyonnais ont modifié leur vocabulaire au cours de leurs deux premières années de mandat. Il n’est plus question de « stopper la voiture », comme ont pu le dire des élus de la majorité écologistes à leur début. « Nous multiplions les offres de mobilités pour favoriser une alternative à la voiture », dit aujourd’hui Bruno Bernard. Derrière les précautions sémantiques, l’objectif politique reste bien de diminuer la voiture en ville.
A la tête du puissant Syndicat des transports de l’agglomération lyonnaise (SYTRAL), les écologistes prévoient la mise en service de trois nouvelles lignes de tram d’ici à la fin de l’année 2023, ainsi que la prolongation du métro B, en direction de l’Ouest lyonnais, jusqu’à Saint-Genis-Laval. La métropole programme un total de 250 kilomètres de voies cyclables d’ici à 2026, pour 282 millions d’euros d’investissement. Entre 2019 et 2022, le déplacement à vélo a augmenté de 50 % dans l’agglomération lyonnaise. La voiture n’a baissé que de 9 % sur la même période.
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