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À la pré-COP27 de Kinshasa, les pays du Sud décidés à faire entendre leur voix

À la pré-COP27 de Kinshasa, les pays du Sud décidés à faire entendre leur voix



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À un mois de la COP27 sur le climat prévu en novembre en Égypte, les pays du Sud ont ouvert des discussions informelles autour du changement climatique, lors d’une rencontre de préparation à Kinshasa. Les participants en ont aussi profité pour mettre les capitales industrialisées devant leur responsabilités. 

Un avant-goût de la COP27. Les pays du Sud ont plaidé mardi 4 octobre leur cause et mis le monde industrialisé devant ses responsabilités durant les deux jours de la « pré-COP27 » organisée à Kinshasa, à un mois du sommet sur le climat prévu en novembre en Égypte. 

Les ministres et spécialistes de l’environnement d’une soixantaine de pays ont achevé mardi soir leurs discussions sur les thèmes habituels des négociations sur le climat : adaptation, atténuation, finance, « pertes et préjudices ».  

>> À lire – En RD Congo, la « pré-COP27 » donne le ton : « faire plus » pour le climat et les pays pauvres

Discussions « audacieuses »

Il n’y a pas eu de déclaration finale, mais c’est le propre de ces « pré-COP », lieux de « discussions à bâtons rompus », a rappelé Tosi Mpanu Mpanu, négociateur de la République démocratique du Congo (RDC) aux conférences climat des Nations unies. « Les pays peuvent discuter de manière plus audacieuse, plus osée, sachant que rien ne leur serait imposé comme conclusion finale », a-t-il déclaré à l’AFP. 

Tout le monde n’est pas d’accord, mais tous ont « identifié l’urgence de l’action climatique ». « Du point de vue de la diplomatie climatique, c’est un succès », a-t-il jugé.

La ministre de l’Environnement de RDC, Eve Bazaïba, à la manœuvre depuis des semaines pour piloter cette « pré-COP » co-organisée avec l’Égypte, semblait satisfaite elle aussi en annonçant dans la journée la formation prochaine d’un front commun des grands pays forestiers que sont la RD Congo, le Brésil et l’Indonésie. 

Il s’agira pour eux de se présenter en force aux négociations sur le climat et la biodiversité, pour parler préservation du couvert forestier mais aussi de « l’accès aux finances climat » et du « prix de la tonne de carbone ». Au cœur du Bassin du Congo, la RDC avait donné le ton dès l’ouverture de la pré-COP. 


Besoin d’oxygène et de pain 

Comme nombre d’autres pays en développement, la RDC aura de plus en plus de mal à « opérer un choix » entre la lutte contre « l’extrême pauvreté » et « la lourde facture à payer pour l’adaptation au changement climatique », si les pays industrialisés ne lui offrent pas « d’alternatives technologiques et financières conséquentes ». « Nous avons besoin d’oxygène, nous avons aussi besoin de pain », avait lancé Eve Bazaïba. 

Le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, s’était quant à lui emporté contre ceux qui voudraient empêcher la RDC d’exploiter son pétrole, alors que des pays européens viennent de renouer avec des énergies polluantes pour compenser le déficit d’énergie provoqué par la guerre entre la Russie et l’Ukraine. 

Le gouvernement congolais a lancé fin juillet des appels d’offre pour 30 blocs pétroliers et gaziers, s’attirant les critiques d’organisations de défense de l’environnement. Celles-ci font valoir que l’exploitation pétrolière dans les forêts et tourbières du Bassin du Congo risque de libérer de grandes quantités de carbone. 

Devant la presse, l’envoyé spécial américain pour le climat John Kerry a indiqué que Washington avait demandé à Kinshasa de renoncer aux blocs situés dans des zones sensibles. La veille déjà, il avait jugé possible de « trouver un équilibre entre la nécessité de protéger le Bassin du Congo et les exigences de développement et de création d’emplois ».  

Les discours congolais d’ouverture des travaux ont été qualifiés de « virulents », voire « va-t-en guerre » par certains participants à la pré-COP. 

Mais cette réunion a été « très utile », a estimé, parmi d’autres, la ministre française de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher. 

« Dégâts irréversibles »

« Je suis arrivée ici un peu inquiète, compte tenu des tensions géopolitiques » ou des « attentes et déceptions » depuis la COP26 de Glasgow en novembre 2021, a-t-elle déclaré à l’AFP. « Je repars avec le sentiment que cet événement a permis de resserrer les positions, de redire l’urgence de l’action, de bien définir les chantiers sur lesquels on peut avancer », a-t-elle ajouté. 

Le sujet des « pertes et dommages » (ou « préjudices ») causés par le dérèglement du climat sera discuté à Charm-el-Cheikh, a poursuivi la ministre, « parce que c’est une question essentielle (…) qui concerne tous les pays », confrontés à des « dégâts irréversibles du changement climatique ». 

Il faut être « pragmatique », « avoir des résultats » et « simplifier l’accès aux financements », plutôt selon elle que de « créer un énième fonds qui suscitera les mêmes réserves… » 

Les pays en développement voudraient eux qu’il y ait « une institution pour mettre de la cohérence » dans ce qui se fait déjà, a relevé M. Mpanu Mpanu. « Il y a un peu de tension, tous les pays ne voient pas les choses de la même manière… » 

Après les discussions ministérielles, la « pré-COP27 » s’achève mercredi avec des « événements parallèles », donnant plus la parole aux jeunes et à la société civile du Bassin du Congo. 

Avec AFP



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