BEDMINSTER, New Jersey | Dans leur esprit, les golfeurs qui ont choisi de déserter le circuit de la PGA ou le DP World Tour n’ont rien fait de mal. Ils croient avoir la liberté de jouer où bon leur semble sans ne rien devoir aux circuits. Toutefois, les règles et les conséquences sont claires.
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Les golfeurs qui possèdent une carte du circuit du PGA Tour doivent respecter les règles de leur contrat.
À la suite d’une demande formulée au circuit de la PGA, Le Journal a obtenu une copie du document des modalités et conditions à suivre par les membres.
Or, il est bien mentionné qu’un membre ne peut participer à un tournoi sur un autre circuit lorsque ce dernier vient en conflit avec l’un de ses tournois inscrits au calendrier. Cette règle est instaurée pour « assurer les obligations contractuelles du plateau et contribuer au succès du tournoi », peut-on lire.
Si un golfeur souhaite participer à un autre événement, il doit en faire la demande au commissaire. Mais celui-ci ne donnera pas la permission en Amérique du Nord.
C’est évidemment le cas de la ligue LIV Golf qui propose cinq de ses huit tournois en sol américain cette saison.
Démissions
Il est donc illusoire qu’un joueur puisse recevoir une permission pour s’inscrire à un événement non reconnu prenant place au même moment qu’un tournoi du circuit. Cette saison, trois tournois, dont celui-ci à Bedminster, ont lieu en même temps que ceux du PGA Tour.
C’est pourquoi la direction du PGA Tour a suspendu automatiquement la trentaine de déserteurs qui ont rejoint la ligue LIV. Certains comme Dustin Johnson, Sergio Garcia et Kevin Na ont simplement démissionné tandis que d’autres comme Phil Mickelson résistent en voulant conserver leurs privilèges.
Selon le document, un golfeur ayant démissionné pourrait réintégrer le circuit après une période variant de six mois à un an, selon le statut. Dans ce cas, la réadmission devrait aussi recevoir l’aval des deux tiers des membres siégeant au Conseil des règlements du PGA Tour. Ce conseil regroupe cinq directeurs indépendants du milieu du golf, quatre directeurs du conseil des joueurs et un directeur de la PGA d’Amérique.
Les déserteurs étaient bien au fait de ces règlements au moment de prendre leur décision. Bon nombre d’entre eux possèdent des dizaines d’années d’expérience.
De plus, Paul Casey, Brooks Koepka et Graeme McDowell figuraient sur le Conseil consultatif des joueurs cette saison. Ils en sont évidemment évincés.
Amendes et injonctions
Bien que le PGA Tour ait adopté la ligne dure en suspendant les joueurs qui quittent le Tour vers LIV, le DP World Tour a instauré des amendes de 120 000 $ en plus de la perte des privilèges.
Mercredi, Paul Casey a émis des doutes sur les mécanismes de défense aléatoire du DP World Tour alors qu’il n’avait jamais été sanctionné pour avoir participé à des tournois sans avoir reçu l’accord préalable du commissaire.
La bataille s’est aussi déplacée devant les tribunaux du Royaume-Uni. Au début de juillet, Ian Poulter, Adrian Otaegui et Justin Harding ont obtenu une injonction de la cour britannique pour participer à l’Omnium d’Écosse malgré leur suspension.
Si le commissaire du PGA Tour Jay
Monahan croit que sa stratégie peut résister aux poursuites judiciaires, celui de LIV Golf, Greg Norman, prétend que son équipe légale possède tous les outils pour prouver que les circuits traditionnels possèdent le monopole dans l’industrie et qu’ils transgressent les lois de la concurrence.
Norman estime que les golfeurs sont des travailleurs contractuels indépendants. Le département de la justice américaine enquête présentement sur la stratégie adoptée par la PGA afin de savoir si elle transgresse les lois antitrust.
TOURNOIS CONCURRENTS
PGA
Omnium canadien
LIV Golf
Tournoi inaugural à Londres
PGA
Classique John Deere
LIV Golf
Tournoi de Portland
PGA
Classique Rocket Mortgage
LIV Golf
Tournoi de Bedminster
Les agences empochent gros aussi
BEDMINSTER, New Jersey | Il n’y a pas que les golfeurs qui empochent des sommes faramineuses en signant avec la série LIV Golf. Les agences font aussi des affaires d’or.
Parmi la cinquantaine de joueurs qui ont paraphé des ententes avec la ligue dirigée par Greg Norman, dix proviennent de l’agence de marketing GSE Worldwide, dont Bryson DeChambeau, Sergio Garcia et Paul Casey. Dans la filière européenne, les gros morceaux, Henrik Stenson, Ian Poulter et Lee Westwood, sont associés à l’agence CM Management.
Bien que les agences sportives conseillent leurs clients, elles ont aussi intérêt, sur le plan financier, à leur présenter les offres de LIV. Elles y réalisent l’essentiel de leurs profits, soit environ 20 % du montant total. Les golfeurs gardent les gains empochés sur le parcours.
Avec les ententes astronomiques conclues par ses principales têtes d’affiche de GSE et les termes contractuels, l’agence aurait empoché plus de 50 M$. Chez CM Management, les gains auraient totalisé près de 85 M$, selon le Telegraph-Journal.
Tout le monde « y gagne »
La distribution des billets verts est aussi très généreuse dans l’environnement direct des golfeurs. Les cadets, les instructeurs et les professionnels gravitant autour d’eux font aussi des affaires d’or. Toutes leurs dépenses sont assumées par la ligue et les bourses sont remises à tous les participants, alors qu’il n’y a aucun couperet après 36 trous. Celui qui termine au 48e et dernier rang est assuré de recevoir un chèque de 120 000 $.
Le champion reçoit quant à lui un juteux 4 M$. Selon l’entente avec le cadet (elle varie en moyenne entre 6 et 10 % de la bourse), celui-ci peut recevoir une récompense grimpant jusqu’à 400 000 $.
Plusieurs golfeurs clament qu’ils n’ont pas rejoint LIV Golf uniquement pour leur bien, mais aussi pour celui de leur « famille ». Ils sont tous couverts de billets verts.
Les golfeurs aiment l’argent
Dans un reportage publié sur Fire Pit Collective, le journaliste Alan Shipnuck a discuté avec plusieurs agents impliqués dans les négociations avec LIV Golf.
L’un d’eux a balancé une savoureuse et explosive affirmation, qui colle impeccablement bien à l’exode vers le circuit financé par les Saoudiens.
« Ce qu’il faut comprendre des golfeurs professionnels, c’est qu’ils sont tous des putes. C’est le point de départ », avait déclaré cet agent ayant réclamé l’anonymat.