« Le niveau scolaire de notre jeunesse hyperconnectée se dégrade » : souvent subjective et prononcée par des réactionnaires nostalgiques, la sentence n’est pas qu’africaine. Ces derniers jours, pourtant, elle s’entend particulièrement dans les zones occidentales et centrales de l’Afrique subsaharienne, à mesure que s’égrènent les résultats de l’examen final du lycée.
Certes, un score national ne reflète que maladroitement la difficulté spécifique des sujets de l’année ou les disparités par région. Mais le chiffre annoncé récemment par le ministère guinéen en charge de l’Éducation ne peut que faire vibrer les glottes dans les larynx : le taux de réussite au baccalauréat unique, millésime 2022, est de 9 %.
Résultats désolants
Un score qui apparaît comme le point d’orgue fatal d’une série nationale de résultats fâcheux : 17 % à l’examen d’entrée en classe de septième et 15 % au BEPC qui sanctionne les collégiens en fin de cycle. Si le lieutenant-colonel Ibrahima Douramoudou Keïta – le préfet qui coupa les cheveux d’un candidat en pleine épreuve du bac – y verra sans doute le signe de « comportements rastas », la Guinée n’est pas la seule à se lamenter, comme le Gabon qui se désolait, dès le premier tour, des résultats de son bac au regard des années précédentes…
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Non seulement la tricherie ne sauverait plus les plus culottés ou inventifs des candidats, mais la fraude coûterait même aux intègres qui la dénoncent. Le 8 juillet, dans la commune ivoirienne d’Abobo, une candidate aurait été ostracisée puis malmenée par des élèves et surveillants qu’elle avait dénoncés au président du centre d’examen.
Déscolarisation
Tout étant relatif, le Bénin, lui, peut tout à la fois s’enorgueillir d’avoir obtenu 59 % de taux de réussite au baccalauréat sur le plan national – soit 6 fois et demi le score de la Guinée -et se chagriner, sachant que le taux de l’année dernière était de 64,42 %.
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Avec encore davantage de pincettes doivent être prises les performances des contrées sahéliennes où les tensions sécuritaires ont conduit à une déscolarisation massive, à une rescolarisation inadéquate et à l’organisation chimérique d’examens sur une bonne partie du territoire. Il en est ainsi des 86 000 candidats nigériens et des 195 000 candidats maliens qui commençaient leurs épreuves après l’annonce des résultats dans certains pays voisins. Des adolescents courageux, sur un territoire où l’ennemi masqué en veut prioritairement à l’éducation d’inspiration occidentale.