Au Gabon (du 6 au 8 juillet) puis au Rwanda (du 11 au 13), la mission économique et commerciale de la Francophonie en Afrique centrale (MEAC) – conduite par la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Louise Mushikiwabo – a mobilisé une centaine d’acteurs économiques francophones, venus « faire des affaires » sur le continent. Ministres, banquiers, jeunes entrepreneurs, avocats d’affaires et investisseurs se sont rencontrés pour échanger, étudier les différents leviers de développement possibles et mettre en place des projets communs.
À Lire
Henri Monceau (OIF) : « L’Afrique francophone a un potentiel économique encore inexploité »
Même si le temps s’y prêtait, il n’était pas question de parler des sublimes plages aux eaux tièdes ou des somptueux couchers de soleil. Encore moins des mille collines, des gorilles et des volcans. À Libreville comme à Kigali, destinations où il fait bon vivre, c’était le moment de parler business, et business seulement. Alors que le ministre gabonais du Commerce et des Petites et Moyennes Entreprises, Yves Fernand Manfoumbi, a réitéré l’engagement de son pays à doper et à diversifier son économie, Beata Habyarimana, ministre rwandaise du Commerce et de l’Industrie, a mis en avant un climat des affaires propice aux investissements pour attirer les opérateurs économiques.
« Cette mission économique organisée par l’Organisation internationale de la Francophonie est très importante pour permettre aux hommes d’affaires qui partagent la même langue de coopérer, mais surtout pour faciliter les investissements dans les pays africains en développement », souligne François Kanimba, commissaire chargé du marché commun de la Communauté économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC).
Partenariats
Passé par Temple University (États-Unis) et Sciences-Po (Paris), Yannick Ebibie, à la tête de la Société d’incubation numérique du Gabon (SING), a été l’un des acteurs les plus actifs de cette mission. Avec pas moins de trois accords signés à Kigali, le premier incubateur du Gabon compte accompagner des acteurs rwandais (KLab – Connecting Dots) et burkinabè (2CS Burkina) pour renforcer l’écosystème des start-up. Venu, quant à lui, chercher des nouveaux partenaires francophones, Mohamed Amar Athie, CEO de Netexio, une société de services numériques basée au Sénégal, s’est associé à Maraphones, groupe rwandais de fabrication de téléphones « made in Africa », pour la gestion de sa flotte de smartphones via une solution logicielle.
Afin de donner un coup de fouet aux rencontres d’affaires en format business to business (B2B), la mission économique et commerciale en Afrique centrale de l’Organisation internationale de la Francophonie a également joué la carte des visites de terrain. Dans le secteur des énergies renouvelables, les participants se sont rendus sur les sites des projets de Gabon Power Company et de Gigawatt Global (Rwanda). Objectif : apprendre de leurs expériences mais aussi nouer des partenariats potentiels. Et c’est dans ce contexte que GLS Ltd Tchad et ERE Ltd Rwanda se sont alliés pour mettre en place des systèmes solaires décentralisés au Tchad.
À Lire
Kigali-Pékin : comment Alibaba booste l’agriculture rwandaise
Au-delà du numérique et des énergies renouvelables, l’inclusion des femmes a été au cœur des accords signés dans le secteur de l’agro-industrie. Le groupe burkinabè Faso Attiéké s’est associé à deux acteurs économiques rwandais, Umuntangana Veritas Ltd et National Agricultural export development (NAEB). Alors que le premier contrat porte sur l’appui à l’installation d’une unité de production d’attiéké au Rwanda, le second vise à accompagner et à former les femmes à la transformation du manioc en attiéké. Dans le cadre d’une démarche de réinsertion de femmes en situation précaire, Tropical Food Madagascar a, de son côté, signé un accord tripartite avec Umuntangana Veritas Ltd Rwanda et Park & Pick Rwanda pour la formation des femmes rwandaises à la transformation des fruits et légumes et à la distribution de leur production sur le marché.
« Francophonie de l’avenir »
Pour Geoffroi Montpetit, l’administrateur de l’OIF, l’espace francophone représente à la fois un savoir-faire, des richesses agricoles, industrielles, environnementales, et de multiples services qui pourraient être mieux exploités avec le renforcement des opportunités d’échanges commerciaux et d’investissements. Ceci, en connectant les parties prenantes : « Des acteurs étatiques aux organisations d’intégration régionale en passant par les organisations patronales, les chambres d’industrie et les entrepreneurs. » « Voilà à quoi peut servir la francophonie économique », a-t-il insisté à Libreville.
Présente à Kigali, Louise Mushikiwabo a appelé à dépasser « les inquiétudes et les préjugés » portant sur le continent. La Rwandaise se réjouit de pouvoir non seulement « mettre en réseau et accompagner » les opérateurs économiques, hommes et femmes, dans la découverte des pays francophones, mais aussi dans les aspects techniques concernant les différents secteurs du programme mis en place, à savoir le numérique, l’agro-industrie et les énergies renouvelables. « Il est très important de se servir de l’espace francophone pour faciliter les échanges et l’OIF peut jouer un rôle de catalyseur des échanges intrafrancophones entre les petites, moyennes et même microentreprises », souligne la secrétaire générale de l’OIF.
À Lire
OIF – Louise Mushikiwabo : « L’agression de l’Ukraine par la Russie est totalement inacceptable »
Dans son pays natal, la Rwandaise se dit tournée vers « la francophonie de l’avenir ». Une nouvelle vision qui va « au-delà de l’aspect institutionnel, un grand siège à Paris et treize représentations à travers le monde ». « C’est une francophonie au service des populations et des hommes et femmes d’affaires, qui n’ont pas accès aux systèmes mondiaux, pour les aider à saisir les opportunités qui existent dans l’espace économique francophone », insiste Louise Mushikiwabo, qui lève le voile sur les ambitions de son organisation : deux nouvelles missions économiques et commerciales en Europe et une troisième en Amérique du Nord. Si les dates et les destinations précises n’ont pas encore été confirmées, le principe est le même : « Soutenir la coopération pour une reprise économique francophone résiliente. »