### NORMALISATION DU SEXISME AMBIANT DANS LES RÉSEAUX SOCIAUX
La polémique entourant le compte « Abrège Frère » et une étude récente mettant en lumière le rôle des algorithmes de certains réseaux sociaux dans la propagation de contenus misogynes pointent du doigt des problématiques bien ancrées dans notre société moderne. En France, le créateur de contenu « Abrège Frère » a suscité la controverse avec ses vidéos sur TikTok et Instagram, accusé d’encourager le harcèlement sexiste envers les femmes. Malgré ses intentions de simplement résumer des storytimes, les vidéos ont donné lieu à une vague de commentaires offensants envers les femmes. Selon une étude menée par IPSOS en fin 2022, 84% des victimes de cyberviolences sont des femmes, soulignant ainsi l’ampleur du problème du cyberharcèlement.
### SOUS-REPRÉSENTATION DES FEMMES ET CULTURE DU VIOL
La sous-représentation des femmes sur les réseaux sociaux amplifie le phénomène de sexisme en ligne. Marie-Joseph Bertini souligne que la majorité des contenus produits sur ces plateformes sont créés par des hommes et ne représentent que très peu de femmes. Les commentaires sous ces contenus véhiculent souvent des propos injurieux envers les femmes, contribuant ainsi à les maintenir à l’écart de la sphère numérique. En France, où la haine en ligne est particulièrement prégnante, 70% des attaques en ligne sont dirigées contre les femmes. Les algorithmes des réseaux sociaux sont également mis en cause, enfermant les utilisateurs dans une spirale de contenus discriminants et insultants envers les femmes.
### RESPONSABILITÉ DES PLATEFORMES ET DES ALGORITHMES
Une étude de l’University College London et The Association of School and College Leaders a récemment révélé que l’algorithme de TikTok amplifie de manière exponentielle les contenus misogynes suggérés à un panel d’adolescents. Les critères pour déterminer la misogynie en ligne sont variés, mais englobent notamment la description du physique des femmes, les propos de supériorité masculine, le harcèlement et les insultes sexistes. Pour lutter contre ce phénomène, il est crucial de mettre en place un « régime numérique sain » pour responsabiliser les plateformes sociales, éduquer les jeunes et informer les parents sur le fonctionnement des algorithmes.
### LE PROBLÈME DU PATRIARCAT DANS LA SOCIÉTÉ
Marie-Joseph Bertini souligne que le véritable algorithme à l’œuvre est celui du patriarcat, qui maintient la domination masculine dans notre société. L’éducation joue un rôle clé dans la perpétuation des stéréotypes de genre, et l’école en France peine à assumer pleinement son rôle dans la lutte contre les discriminations. L’abandon du programme « ABCD de l’égalité » en 2014 illustre cette difficulté à remettre en question les normes établies. Malgré les tentatives de régulation au niveau de l’Union européenne, les plateformes sociales continuent de privilégier les contenus « clivants » pour maximiser leur audience, au détriment du respect et de l’égalité.
### REFERENCES
– [Rapport de IPSOS sur le cyberharcèlement](https://www.vscyberh.org/)
– [Documentaire « Je vous salue salope : la misogynie au temps du numérique »](https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/un-monde-connecte/un-film-documentaire-qui-frappe-a-propos-du-cyberharcelement-9379973)
– [Digital Services Act (règlement DSA)](https://www.vie-publique.fr/eclairage/285115-dsa-le-reglement-sur-les-services-numeriques-ou-digital-services-act)