une association de consommateurs dénonce les marges « explosives » des distributeurs

L’association Consommation Logement Cadre de Vie (CLCV) s’indigne de la hausse des prix des carburants en France alors que ceux-ci ont baissé partout ailleurs en Europe. Cette situation s’explique, selon la CLCV, par les « marges brutes explosives » engrangées par les distributeurs de carburants depuis quatre mois. Par conséquent, l’association réclame une baisse de 10 centimes des prix à la pompe et affirme qu’elle saisira les autorités compétentes si cette demande n’est pas satisfaite d’ici au début de l’été.

La CLCV fonde sa demande sur les « moyennes annuelles » pour 2018-2021 de la fédération des industries pétrolières, estimant que la marge brute « transport distribution », qui correspond à la différence entre les prix hors taxes et à la sortie de la raffinerie, « se situe en général aux alentours de 15 centimes le litre ». Toutefois, depuis le début de l’année 2023, les marges brutes ont atteint un record historique en dépassant les 25 centimes au litre. Selon la CLCV, cette situation s’explique par le fait que les distributeurs de carburants cherchent à rattraper leurs pertes du second semestre 2022 en prenant des marges très élevées depuis quatre mois. L’association reproche donc aux distributeurs de ne pas avoir répercuté la très forte hausse des cours du brut suite à la crise ukrainienne.

La ministre de la transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a réitéré l’appel à la baisse des prix et demandé aux distributeurs de carburants de répercuter rapidement la baisse observée sur les marchés internationaux du pétrole. Pourtant, Michel-Edouard Leclerc, président du comité stratégique des centres E.Leclerc, a jugé « gonflé » que le gouvernement demande aux distributeurs de baisser leurs prix, alors que TotalEnergies, un gros fournisseur qui engrange des milliards de bénéfices, n’est pas tenu de le faire. Il a également contesté les chiffres avancés par la CLCV. Dominique Schelcher, président de Système U, a nié quant à lui tout changement de politique de prix et a parlé de « fausses polémiques ».

Enfin, TotalEnergies a limité les prix des carburants dans ses stations à 1,99 euro, sauf pour l’essence sans-plomb 98 et le diesel Excellium, du 1er mars au 31 décembre. Depuis la fin des ristournes accordées par le gouvernement, le prix des carburants est reparti à la hausse depuis le début de l’année, ce qui passe mal auprès des automobilistes, notamment après l’annonce, le 8 février dernier, de bénéfices record de 19 milliards d’euros.