Gaz de Bordeaux, filiale à 100 % de Bordeaux Métropole Energies, est le fournisseur historique de gaz de la capitale girondine. Malgré l’ouverture des marchés à la concurrence en 2007, l’entreprise a conservé son monopole. Si une quinzaine de fournisseurs de gaz continuent d’exploiter le réseau métropolitain pour les professionnels, le secteur domestique reste une particularité locale : les Bordelais, ainsi que les habitants de 46 communes autour, n’ont d’autre choix que de souscrire, pour leur abonnement, à Gaz de Bordeaux.
Cyril Vincent, son directeur général, explique que l’absence de concurrence sur le secteur des particuliers s’explique par le manque de rentabilité estimé par d’autres fournisseurs de gaz. Pour preuve, l’entreprise bordelaise explique vendre aujourd’hui 85 % de ses volumes en dehors de sa zone historique afin d’améliorer ses performances économiques.
En France, environ 11 millions de clients de gaz sont adressés, selon Cyril Vincent. Le réseau GRDF, filiale d’Engie, couvre 95 % du territoire. A Bordeaux, seuls 200 000 clients de gaz existent. Les positions de marché étant encore en train de se fixer ailleurs, les concurrents ne semblent pas encore intéressés. Cependant, Gaz de Bordeaux n’est pas complètement à l’abri. Selon un communiqué de l’Autorité de la concurrence, elle a sanctionné Gaz de Bordeaux, en octobre 2022, pour abus de position dominante, lui infligeant une amende d’un million d’euros, qu’il a contestée.
À Bordeaux, la fin du tarif réglementé de vente du gaz intervient dans un contexte de défiance entre les abonnés au gaz et l’opérateur local. En septembre 2022, un envoi de courriers de Gaz de Bordeaux indiquant les nouveaux tarifs exorbitants − en pleine flambée des prix en Europe − aux consommateurs ayant souscrit des contrats à prix fixes (10 000 clients concernés) a suscité une vague d’inquiétude importante, et de nombreuses interrogations.
Un groupe Facebook, dénommé « Les Bordelais VS Gaz de Bordeaux » − qui regroupe désormais 3 400 membres −, s’est constitué à l’initiative des clients inquiets. Gaz de Bordeaux explique un souci de communication
, selon Cyril Vincent : « Ces courriers envoyés ne comprenaient pas le montant du bouclier tarifaire, donc, visuellement, les clients − à juste titre − ont vu la hausse des prix telle qu’elle aurait été si le gouvernement n’avait pas mis en place les boucliers. »
La fin des tarifs réglementés approche pour de nombreux foyers. Les Bordelais n’ayant pas d’autre choix que de souscrire à Gaz de Bordeaux, la fin de ce tarif réglementé pourrait engendrer une hausse considérable de leur facture de gaz, pouvant atteindre 15 %.