Au cœur d’un camp géré par le renseignement militaire ukrainien, des prisonniers de guerre font l’objet de règles strictes lors de la visite d’un colonel ou d’un journaliste. Les soldats capturés sur le front, principalement des Russes et des Ukrainiens, sont alignés dans un couloir plongé dans la pénombre, la tête baissée et les mains derrière le dos. Ils doivent rester dans cette position jusqu’à ce que le visiteur s’en aille. Le camp est un ancien pénitencier de l’ère soviétique converti précipitamment pour remplir ses nouvelles fonctions. La localisation géographique de ce camp situé quelque part dans l’ouest de l’Ukraine, est gardée secrète.
Le gouvernement ukrainien gère plusieurs sites de ce type à travers le pays, mais celui-ci est l’un des plus peuplés. Petro Yatsenko, responsable de la communication du bureau des prisonniers de guerre, souligne les règles à respecter lors de la visite. Les détenus peuvent être interviewés avec leur accord, mais certains d’entre eux font l’objet d’une enquête et ne peuvent être approchés. D’autres refusent simplement de parler. Cependant, Petro met en garde le visiteur sur les déclarations des prisonniers, en insistant sur le fait qu’ils mentent tous.
Des cars arrivent une fois par semaine pour décharger des prisonniers par groupes de 50 ou 100. Leur sort est affiché sur une plaque en béton qui rappelle les trente articles de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Un peu plus loin, une carte de l’Ukraine est exposée, suivie d’une galerie de portraits d’hetmans, des chefs des clans cosaques du XVIe siècle à la fin de l’ère soviétique. Les 75 détenus continuent d’attendre le premier service de la journée, le nez appuyé contre le mur.
Petro explique que les portraits de ces chefs cosaques rappellent que l’Ukraine a une histoire qui lui est propre et rappellent aux Russes qu’elle n’est pas leur propriété. Alors que les prisonniers se remettent en marche, une ombre attire l’attention des visiteurs.
Le traitement des prisonniers de guerre dans ce camp ukrainien est difficile à documenter, en raison des règles strictes pour les visiteurs et de la difficulté à recueillir des témoignages fiables. Cependant, les photos et les portraits présents dans cet établissement font référence à l’histoire de l’Ukraine, qui est riche mais souvent douloureuse.