Le « Senegal Boy », du nom de son premier album sorti en 2020, déclame son rap en wolof sur des battements de tama, percussion de tradition sérère. Pas question pour Samba Peuzzi, 26 ans, de lorgner vers les productions américaines ou d’imiter les rappeurs de l’Hexagone. C’est en valorisant les sonorités de chez lui que la nouvelle coqueluche du hip-hop sénégalais a su se frayer un chemin dans le rap game, et remporter le prix de meilleur artiste aux Galsen Hip Hop Awards 2021.
Certains lui attribuent même la création d’un nouveau genre, le « rambalax », contraction de rap et de mbalax. « Ma génération a plutôt tendance à faire du rap hardcore. J’aurais pu surfer sur ce créneau, mais j’ai préféré intégrer ma culture dans mes morceaux, car je n’ai aucun complexe à valoriser les musiques traditionnelles de mon pays. En assumant notre culture, nous pouvons sortir du lot et nous exporter », exprime le rappeur, dans un français quasi parfait.
100 % hip hop galsen
Il y a peu de temps encore, le gamin de Diacksao, un quartier populaire de la banlieue de Dakar, ne parlait pas un mot de cette langue. Son premier passage en France remonte au début de 2020, alors qu’il joue en première partie d’une autre coqueluche du rap sénégalais, Dip Doundou Guiss, dans la petite salle parisienne du Café de la danse. « Pour me faire connaître dans l’industrie, ne maîtriser que le wolof est un frein. Or, j’ai envie de m’internationaliser », ambitionne celui qui ne s’est pourtant exprimé qu’en wolof sur la scène du Canal 93, un espace dédié aux musiques actuelles situé à la périphérie de Paris, lors de son passage à la 34e édition du festival Africolor, qui se tient du 18 novembre au 24 décembre.
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Un plateau cette fois aussi 100 % sénégalais, qui a également vu défiler le trio « girl power » des Def Maa Maa Def. C’est que la diaspora est au rendez-vous ce soir-là. Moyenne d’âge, 26 ans, à peine moins que les musiciens qui accompagnent Samba Tine, de son vrai nom, sur scène. Un « vrai orchestre composé de Sénégalais, de Béninois et d’Ivoriens » escorté d’un producteur aux machines, le tout dans un mélange des genres qui fonctionne aussi bien en musique qu’en images.
Dans les clips comme en live, Samba Peuzzi aime soigner son apparence. Et s’affiche en survet’-basket, verres teintés au bout du nez et chaînes XXL autour du cou, aux côtés de son – énergique – percussionniste, en boubou traditionnel.
Une collaboration avec Rema
Rien de bien étonnant pour le finaliste de Flow Up 2016 – le plus grand concours de rap au Sénégal –, qui a grandi au son des musiques populaires et religieuses autant qu’aux beats de Positive Black Soul, groupe pionnier du rap sénégalais des années 1990, adulé par ses frères aînés. Samba Peuzzi, dit le « posé », du nom de son groupe de danse hip hop Posey Gang qu’il a monté au lycée, ne porte pas ce nom par hasard.
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La tête sur les épaules et les chiffres en tête – le million de fans sur Instagram et les plus de 2,6 millions de vues pour son clip « Lou Yakou Yawa » –, il a une vision bien claire de la suite de sa carrière. « Je suis conscient de ce que je fais. J’ai envie de donner une nouvelle énergie aux musiques actuelles sénégalaises, comme ont pu le faire les Nigérians avec l’afrobeat », projette le rappeur, qui vient de terminer le tournage d’un clip en collaboration avec la star de la naija pop Rema. En attendant, Samba Peuzzi entame sa petite tournée européenne avec une série de concerts prévus en décembre en Italie, avant de s’envoler pour le Canada, au début de 2023.