« Félicitations aux frères marocains ! », « Bravo le Maroc ! », « Mille bravos aux Lions de l’Atlas qui se sont qualifiés avec l’art et la manière. Vous nous avez honorés ! » Les Algériens ont été très nombreux à s’enflammer sur les réseaux sociaux pour les prestations du Maroc en Coupe du monde, notamment après ses victoires face à la Belgique et au Canada qui lui ont ouvert les portes des huitièmes de finale du Mondial pour la deuxième fois de son histoire. Certains ont même affiché fièrement le drapeau rouge à l’étoile verte comme un signe de reconnaissance et de fraternité.
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Des images et des vidéos des supporters algériens célébrant les victoires marocaines, à Doha, aux côtés de leurs frères et voisins ont également été largement commentées et partagées. De même que la réponse de l’entraîneur des Lions, Walid Regragui, en conférence de presse, à la question de savoir s’il se voyait comme le représentant du monde arabe.
Regragui a répondu qu’il ne se préoccupait pas de « politique » et n’était là que pour défendre les couleurs du Maroc et représenter, éventuellement, le continent africain. Un Maroc qui défend avant tout ses couleurs, et celles des pays du Maghreb et de l’Afrique, ne pouvait évidemment que plaire à beaucoup d’Algériens fiers de leur identité et qui n’apprécient que modérément d’être confondus avec leurs cousins du Golfe.
Solidarité amazighe
Pour sa part, le commentateur vedette de BeIN Sports, l’Algérien Hafid Derradji, a également salué et félicité les Lions de l’Atlas sur sa page Facebook. « Mille bravo à l’équipe marocaine et à son grand public pour cette qualification méritée en huitième de finale pour la deuxième fois de leur histoire après celle de 1986 », écrit le célèbre journaliste sportif.
Maniant comme à son habitude l’humour et la dérision sur sa page Facebook, le journaliste Idir Dahmani s’est adressé à ceux qu’il appelle les « Gardiens du temple » pour « solliciter l’autorisation de supporter l’équipe marocaine ». « Veuillez agréer mes sarcasmes les plus féroces », conclut le journaliste.
D’autres internautes, comme Abdelmalek, saluent les exploits des Lions avant de s’attarder sur les brillantes prestations de joueurs comme Amrabat, comparé à Mbappé, Ziyech, Bounou, Sofiane Boufal ou Achraf Hakimi.
L’autre drapeau qui a servi de trait d’union entre les deux voisins aura été le drapeau berbère. Des photos et des vidéos de supporters marocains portant fièrement le drapeau amazigh ont également été largement partagées. Cet emblème commun aux communautés amazighes des pays du Maghreb a d’ailleurs été confisqué à l’entrée de certains stades, les services de sécurité qataris l’ayant confondu avec le drapeau LGBTQ+ à cause de ses couleurs.
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Pour beaucoup d’internautes, le fait de voir des supporters marocains et algériens brandir ensemble ce drapeau culturel aux abords des stades ou dans les gradins a contribué à mettre en évidence cette dimension berbère millénaire que se partagent l’Algérie et le Maroc.
« Les Amazighs ont un seul pays, c’est l’Afrique du Nord », tranche pour sa part Omar, tandis que, de son côté, Nordine préfère adresser ses félicitations aux « Amazighs du Maroc » pour leur victoire historique. « Vous avez une équipe merveilleuse et harmonieuse qui peut faire des miracles et vous faites honneur au continent africain », écrit-il.
Par delà des frontières fermées depuis 1994, Algériens et Marocains ont également trouvé le moyen de fêter ensemble cette victoire historique à Bin Lajraf entre la ville marocaine de Saidia et le port algérien de Marsat Ben Mhidi, comme l’ont montré certaines vidéos.
Silence gêné des médias officiels
Une joie sincère et une liesse qui contrastent complètement avec le silence gêné des médias officiels algériens, qui préfèrent n’évoquer que du bout des lèvres les exploits marocains en Coupe du monde quand ils ne les taisent pas complètement.
Comme la chaîne de télévision publique francophone, Canal Algérie, qui, dans son journal de 19 heures du 27 novembre dernier, omet sciemment d’évoquer la victoire du Maroc face à la Belgique, allant jusqu’à montrer à ses téléspectateurs un classement tronqué du groupe F, où le Maroc a terminé à la première place. Une attitude que beaucoup d’Algériens ont qualifiée de « scandaleuse, honteuse et indigne ».
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Le relations entre les deux voisins ont rarement été aussi mauvaises : durant l’été 2021, l’Algérie accusait le Maroc d’être derrière les tragiques incendies de Kabylie et décidait de rompre ses relations diplomatiques avec le royaume chérifien que la propagande officielle ne désigne désormais plus que sous l’expression de « mauvais voisin et ennemi ».
Même les liaisons aériennes, dernier lien physique entre les deux pays, ont été suspendues. La tension entre Alger et Rabat est telle que tout est prétexte à la polémique et à la querelle de voisinage. Plutôt que de construire le grand Maghreb dont rêvaient leurs aînés, les héritiers des grands royaumes numides en sont aujourd’hui à s’écharper sur la paternité du couscous, du raï, du zellige ou sur les origines du conquérant de l’Andalousie Tariq Ibn Ziad.
Heureusement qu’il y a encore les Lions de l’Atlas ou les Fennecs pour, de temps à autre, rassembler les uns et les autres autour d’un ballon et leur rappeler qu’ils sont avant tout des frères de sang.