Le match de la Coupe du monde 2022 opposant la Belgique au Maroc, qui s’est soldé par la victoire (2-0) des Lions de l’Atlas sur les Diables rouges, n’était pas encore terminé, dimanche 27 novembre vers 15 heures, lorsque des incidents violents ont éclaté dans le centre de Bruxelles. Sur l’un des principaux boulevards du centre de la capitale belge, une voiture a été retournée, incendiée et projetée sur d’autres véhicules, des trottinettes en libre-service ont été détruites, tout comme du mobilier urbain.
Des dizaines de jeunes parfois masqués, dont certains arborant le drapeau du Maroc, se sont rassemblés au début de la seconde période dans le quartier de la gare du Midi. Les rangs des manifestants ont rapidement gonflé et les esprits se sont échauffés au fil du match. Après des jets de pétard et de feux d’artifice, des casseurs entendaient visiblement se confronter aux policiers, appuyés par un canon à eau.
Des parents et des éducateurs, dépités par le spectacle, tentaient en vain de calmer les esprits des adolescents. « Ils sont en train de tout gâcher », déplore Nordine, venu avec ses deux fils de Molenbeek pour suivre la rencontre à la télévision, dans un café des environs. Maryam, une mère de famille, écrase une larme : « Ce soir, la télé va de nouveau parler de ça, et pas de la belle victoire du Maroc, dont même les journalistes belges disent qu’elle est largement méritée. » Usman, un jeune Belgo-Marocain s’immisce dans la conversation pour affirmer que, lui, voulait « simplement manifester sa joie » mais que la police l’en a empêché, d’où sa colère et celle de ses amis.
« Un journaliste a été blessé au visage par des feux d’artifice. C’est pour ces raisons qu’il a été décidé de procéder à une intervention de la police », affirmait de son côté Ilse Van de Keere, porte-parole de la zone de police Bruxelles-Capitale-Ixelles. Des incidents ont aussi éclaté à Gand, où un car de police a été attaqué.
Les commerçants redoutaient des destructions
En novembre 2017 déjà, lors de la qualification du Maroc pour la Coupe du monde 2018 en Russie, à l’issue d’un match contre la Côte d’Ivoire, des scènes de liesse avaient dégénéré et 22 policiers avaient été blessés lors d’incidents violents. De nombreuses vitrines avaient été cassées et l’on avait assisté à des pillages et de véritables scènes d’émeute.
Les habitants et les commerçants du centre de la ville se souvenaient de ces troubles, rendus possibles par une présence policière insuffisante à l’époque. Cette fois, des renforts avaient été prévus et la police locale de Bruxelles travaillait en coordination avec la police fédérale. Les commerçants redoutaient notamment de nouvelles destructions alors que les Plaisirs d’hiver, le traditionnel marché de Noël situé pas loin des lieux des affrontements, venaient d’ouvrir.
Dimanche, Philippe Close, le bourgmestre (maire) de la ville, a rapidement condamné « avec la plus grande fermeté » les incidents, et assuré que la police, qui avait reçu l’ordre de procéder rapidement à des arrestations, interviendrait « fermement ». Il a déconseillé aux supporteurs des deux équipes de se rendre dans le centre de la ville.
Je condamne avec la plus grande fermeté les incidents de cet après-midi. La police est déjà intervenue fermement. J… https://t.co/NW9xm44psj
En fin d’après-midi des policiers étaient postés en divers endroits alors que quelques heurts épars se produisaient toujours. Dans une autre partie de la ville, quelques milliers de personnes défilaient contre les violences faites aux femmes. Notamment durant la Coupe du monde : de nombreuses manifestantes évoquaient une étude britannique publiée en 2014 établissant que les violences domestiques augmentent de 26 % lorsque joue l’équipe nationale ; de 36 % lorsqu’elle perd.
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