La Cour nationale du droit d’asile est la juridiction française qui traite le plus de dossiers en France. Rien qu’en 2021, les magistrats se sont penchés sur 70.000 dossiers de demandeurs d’asile, soit 48% de plus qu’en 2020. Europe 1 a pu assister à une journée d’audiences et chose frappante, la plupart des demandeurs ne relèvent pas du droit d’asile.
Des 234 passagers de l’Ocean Viking à Toulon au 956 migrants évacués jeudi Porte de la Chapelle à Paris… La France parvient-elle à relever le défi migratoire ? Chaque année, plus de 200.000 étrangers, qui ont fui leur pays, arrivent sur le territoire français. L’an dernier, 70.000 dossiers de demande d’asile ont été traités par la Cour nationale du droit d’asile à Montreuil, en région parisienne. Ceux qui s’y présentent ont été déboutés en première instance et tentent donc leur chance en appel. Europe 1 a assisté à une journée d’audiences et chose frappante, la plupart des discours des candidats ne relèvent pas du droit d’asile.
15.000 demandes d’asile accordées en 2021
C’est le cas par exemple de Katerina, 61 ans, originaire d’Ingouchie, une des républiques de la Fédération de Russie. Devant la cour, elle jure être menacée de persécutions si elle était expulsée. « Que craignez vous exactement ? », lui demande la magistrate. L’interprète traduit : « J’ai été cambriolée et on m’a volé mon téléphone. » Hors prétoire son avocate reconnaît que son dossier désespérément vide, pas suffisant en tout cas pour obtenir l’asile.
Les affaires s’enchaînent, avec souvent les mêmes histoires, parfois les mêmes détails. Un Azéri d’une quarantaine d’années raconte s’être converti aux Témoins de Jéhovah mais face aux magistrats, il est incapable de donner les noms des différentes divinités. Son avocat insiste, « je pense qu’on doit lui tendre la main, il a fait deux tentatives de suicide », argue-t-il. Un assesseur, qui préfère rester anonyme, confie qu’en deux ans, il n’a pas vu un seul réfugié politique à la barre.
L’année dernière, la Cour nationale du droit d’asile a accordé une protection à un peu plus de 15.000 personnes, un taux moyen de 22% qui varie d’une nationalité à l’autre. Les plus protégés sont originaires des pays en guerre, comme les Syriens ou les Afghans.