Alerte rose ! La filière porcine est morose. Même si la douceur automnale a prolongé l’été et ses saucisses grillées, les barbecues sont désormais remisés. Alors que le mercure entame sa descente hivernale, un vent froid souffle sur l’industrie charcutière. Depuis mi-octobre, l’aiguille du marché du porc de Plérin dans les Côtes-d’Armor a soudain changé de cap, prise dans l’engrenage de la baisse. Elle s’est stabilisée, jeudi 17 novembre, à 1,808 euro le kilo, en recul de près de 10 %. Coup de torchon sur le cochon.
Depuis le début de l’année, le marché du porc est cul par-dessus tête. « Nous avons vécu un grand écart dans les deux sens. Avec un début d’année très compliqué, affecté par l’effet ciseaux d’une forte hausse des charges et un prix qui ne suivait pas. Puis, le cours est reparti fortement à la hausse pendant l’été, avant que le marché ne subisse une nouvelle correction », résume François Valy, éleveur à Ruffiac, dans le Morbihan, et président de la Fédération nationale porcine.
Pris en tenaille entre l’envolée des prix des céréales et du soja, et un cours du porc qui stagnait à 1,25 euro le kilo, les agriculteurs, menacés d’asphyxie financière, ont poussé un cri de détresse en janvier. Loin de faire la sourde oreille, le gouvernement dévoilait, dès février, un plan de soutien doté de 270 millions d’euros. De quoi mettre de la graisse dans les rouages de la filière porcine. D’autant que, dès fin février, l’aiguille du marché du porc breton se redressait. En un mois, le cours rebondissait à 1,70 euro. Soit une hausse de 35 %.
Renchérissement du coût de l’alimentation animale
Le déclenchement de la guerre en Ukraine, fin février, alimentant le feu de la spéculation, faisait flamber encore les prix des céréales. L’Etat a ouvert une nouvelle fois le tiroir-caisse, avec un plan d’aide de 400 millions d’euros destiné aux éleveurs pour faire face au renchérissement du coût de l’alimentation animale. « Le prix de l’aliment, qui représente 70 % de nos charges, est passé de 240 à 420 euros la tonne », précise M. Valy. Il estime que les producteurs ont touché entre 1 000 et 35 000 euros d’aides, selon la spécificité de leur élevage.
Et, durant l’été, le soleil s’est mis à briller sur le marché breton de Plérin. Le cours du cochon s’est échauffé au point de passer le seuil historique des 2 euros le kilo, signant une progression de près de 70 % par rapport au niveau bas de janvier. Autre motif de satisfaction : la peste porcine africaine détectée, cette année, en Allemagne et en Italie, à proximité du territoire français, n’a pas franchi les frontières.
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