Elle arbore une grande robe rouge, un franc sourire, une cocarde tricolore à l’extrémité de ses grands yeux bleus. Elle répond, ou plutôt elles répondent, au nom de Phryges, puisqu’elles sont deux. Les Phryges sont les mascottes des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, dévoilées lundi 14 novembre par le Comité d’organisation des Jeux (Cojop).
Comme leur nom l’indique, elles sont inspirées du bonnet phrygien, symbole par excellence de la Révolution et de la République françaises, enseignées dans toutes les salles de classe. « On cherchait une mascotte qui incarne l’esprit français, qui porte les couleurs du pays, une part de notre histoire », détaille Julie Matikhine, la directrice de la marque à Paris 2024, qui précise que le choix de la mascotte a été testé et validé par des échantillons d’enfants de 6 à 14 ans.
Les Phryges – un nom difficile à prononcer et à écrire, encore plus pour un étranger – sont quasi-jumelles, ou jumeaux, puisque la mascotte de Paris 2024 est non genrée. Leurs différences ? L’une a une prothèse et une basket rouge quand l’autre est chaussée de deux baskets blanches aux lacets tricolores. La Phryge olympique, allez savoir pourquoi, est dépeinte comme l’intello des deux, plus réfléchie, quand son alter ego paralympique est décrite comme fêtarde et tête brûlée.
Pour le reste, les mauvaises langues disent que la Phryge ressemble à une poule. A passer en revue les précédents dans l’histoire des Jeux olympiques, les Phryges sont loin d’être les mascottes les moins réussies.
Un business juteux
Faut-il voir dans le choix fait par Paris 2024 du bonnet phrygien, trois ans après un logo commun aux éditions olympiques et paralympiques – pour la première fois dans l’histoire des Jeux –, une autre manifestation de la volonté du Cojop de rompre avec les JO précédents ? Une façon de « casser les codes », formule chère à Tony Estanguet – patron du Cojop –, « pour aider les Français à faire leur révolution par le sport », selon Julie Matikhine ?
Les organisateurs de Paris 2024 ont en tout cas écarté le choix d’un animal. Car depuis « Schuss », première mascotte de l’histoire des Jeux, à Grenoble en 1968, deux tiers ont été incarnés par des animaux, dont une majorité d’ours, référence au Teddy Bear de nos enfances.
Coconçues par l’agence créative W et par les équipes de design de Paris 2024, les Phryges seront disponibles dès le 15 novembre dans les rayons Carrefour, partenaire « premium » de Paris 2024 et distributeur exclusif en grandes surfaces, dans les principaux magasins de jouets (Joué Club, La Grande Récré, etc.), ainsi que dans la première boutique officielle physique de Paris 2024, qui doit ouvrir le 14 novembre aux Halles, à Paris.
Fabriquées en Chine par les PME françaises Gipsy Toys et Doudou et compagnie – qui en profite pour relocaliser dans son usine en Bretagne 15 % de sa production de peluches –, les Phryges – constituées majoritairement de matières recyclées – seront également déclinées sous forme de tee-shirts, de sweats à capuche, de porte-clés ou encore de pin’s.
Le Cojop ambitionne d’écouler deux millions d’exemplaires des Phryges jusqu’aux Jeux olympiques. A 26 euros le modèle de 24 cm (plusieurs tailles seront disponibles, jusqu’à 80 cm), la vente de mascottes représente un marché juteux. D’autant plus quand on se souvient de la folie Bing Dwen Dwen aux Jeux d’hiver de Pékin en février, lors desquels des files ininterrompues de clients se pressaient aux points de vente pour repartir avec le panda plastifié devenu trop rare. Les ventes de produits estampillés Phryges pourraient représenter jusqu’à 25 % des revenus « licensing » de Paris 2024, estimés au total à 127 millions d’euros. Révolutionnaire la mascotte, mais surtout une très bonne affaire.