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300 M$ pour acheter des propriétés en zones inondables: «Je suis une réfugiée climatique»

300 M$ pour acheter des propriétés en zones inondables: «Je suis une réfugiée climatique»


Québec a versé plus de 300 millions $ en indemnités pour racheter les propriétés des victimes des inondations historiques de 2017 et 2019. Une situation qui illustre bien les défis du gouvernement face aux changements climatiques. 

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Les inondations de 2017 et 2019 ont fait de sérieux dommages à Gatineau.

Capture d’écran

Les inondations de 2017 et 2019 ont fait de sérieux dommages à Gatineau.

Entre 2019 et 2022, Québec a ouvert plus de 1400 dossiers d’indemnisation selon les chiffres du ministère de la Sécurité publique compilés pour J.E

Plus d’une centaine se trouvent à Gatineau.  

Au total, 144 propriétaires ont rétrocédé leurs terrains à la Ville. Vue des airs, Pointe-Gatineau ressemble aujourd’hui à un quartier bombardé.  

Cette image désole Louise David, qui revient régulièrement dans son ancienne rue.  

« Je suis une réfugiée climatique. Je n’aurais jamais pensé en 2019 qu’en 2021 je serais assise sur une terrasse d’un condo. »


Louise David, sinistrée.

Capture d’écran

Louise David, sinistrée.

Inondée deux fois

En 2008, Mme David avait acheté une propriété pour sa retraite dans le quartier de son enfance.  

Tout ce qu’il reste aujourd’hui, c’est un terrain vague avec des fleurs qu’elle a plantées.  

Son projet de retraite s’est retrouvé sous le pic des démolisseurs parce que les risques d’inondations ont augmenté. Mme David a vu sa maison inondée deux fois en deux ans. En 2017, puis en 2019.  

Mme David a accepté les 250 000 $ que lui offrait le gouvernement pour déménager, démolir la maison et céder son terrain à la Ville de Gatineau. 

« Je me suis dit : qui est-ce qui achèterait une maison qui risque d’inonder aux deux ans ? Qui ? »  


La maison de Louise David est passée sous le pic des démolisseurs. Elle a depuis emménagé dans un condo.

Capture d’écran

La maison de Louise David est passée sous le pic des démolisseurs. Elle a depuis emménagé dans un condo.

Appauvrissement

Mme David a acquis une petite copropriété qui fait son affaire, loin de la rivière Gatineau. Mais ce n’est pas tout le monde qui y a trouvé son compte comme l’a constaté Yannick Hémond, professeur de géographie à l’UQAM, spécialisé dans les risques et catastrophes. 

« Le problème avec le 250 000 $, c’est que souvent ça ne paye même pas la maison ! Donc, on appauvrit en fait ces gens-là en leur offrant ce montant […], il y en a beaucoup, par exemple comme à Rigaud. »  

Des villages pas prêts 

Plusieurs municipalités ont récemment dû faire face à des événements climatiques majeurs sans y être bien préparées.  

C’est le cas de Saint-Adolphe-d’Howard, qui a affronté deux événements météo destructeurs. Le 21 mai, une ligne d’orages extrêmement violents, un derecho, a traversé la petite municipalité des Laurentides.  

Un mois plus tard, trois tornades ont causé d’importants dommages, particulièrement dans les environs du lac Beausoleil.  

Saint-Adolphe-d’Howard estime que les deux catastrophes naturelles lui ont coûté 150 000 $. Plusieurs sinistrés reprochent à la Ville sa désorganisation, surtout face aux tornades. C’est le cas de France Mignault. 

« Ici, on n’a pas senti qu’on avait un plan d’urgence adéquat. »  

Même son de cloche de la part de Marie-Hélène Dubé du lac Beausoleil.  

« On a demandé de la sécurité. Les pompiers étaient là le jour. […] Mais le soir, il fallait s’organiser entre nous. »  

Le directeur général de Saint-Adolphe-d’Howard, Stéphane Labarre, reconnaît le problème.  

« C’est sûr qu’on va mettre l’emphase là-dessus […] j’en ai déjà parlé avec le ministère de la Sécurité publique. En tant que municipalité, on n’a pas de spécialiste en communications. » 


Stéphane Labarre, directeur général de Saint-Adolphe-d’Howard.

Capture d’écran

Stéphane Labarre, directeur général de Saint-Adolphe-d’Howard.

Budgets déficients

C’est un problème qu’a constaté ailleurs au Québec Yannick Hémond, professeur de géographie à l’UQAM.  

« Plus de 1000 municipalités n’ont pas le budget des grosses villes. […] C’est certain qu’elles sont plein de bonne volonté, mais y a un manque de ressources autant humaines que financières. Il a pourtant été démontré qu’un dollar investi en préparation permet de sauver entre 7 $ et 14 $ lorsque l’événement se produit. » 

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