Le nouvel homme fort du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, est arrivé mercredi 2 octobre à Bamako au Mali, pour un premier déplacement à l’étranger depuis son coup d’Etat du 30 septembre, a constaté un journaliste de l’AFP.
Il a été accueilli à la sortie de son avion par le chef de la junte malienne, le colonel Assimi Goïta. Les deux hommes se sont ensuite isolés pour s’entretenir dans un salon d’honneur à l’aéroport. Nous « avons eu des échanges fructueux autour des défis majeurs qui impactent la paix et la stabilité de nos Etats », a indiqué en soirée sur Twitter le dirigeant malien.
Le Mali et le Burkina sont dirigés par des militaires putschistes qui y ont pris le pouvoir respectivement en août 2020 et en janvier 2022 et sont tous deux confrontés à la violence de groupes djihadistes liés à Al-Qaida et à l’Etat islamique.
« Cette visite d’amitié et de travail vise à renforcer l’axe Ouagadougou-Bamako », avait souligné un peu plus tôt la présidence du Burkina Faso dans un communiqué. « Le chef de l’Etat burkinabé entend insister sur le renforcement de la coopération bilatérale et la mutualisation des moyens de combat », selon le communiqué.
Présence de l’armée française
Bamako a poussé vers la sortie les troupes françaises présentes au Mali depuis 2013 et s’est tourné vers la Russie pour l’aider à combattre ces groupes avec notamment la présence d’« instructeurs » russes qui, selon les pays occidentaux, sont des mercenaires du groupe paramilitaire Wagner.
Depuis le coup d’Etat du 24 janvier du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, renversé huit mois plus tard par le capitaine Traoré, le Burkina Faso n’a pas rompu avec l’armée française qui a continué à participer aux côtés de l’armée burkinabée à la lutte antidjihadiste.
Mais les partisans du capitaine Traoré ont manifesté à plusieurs reprises à Ouagadougou en brandissant des drapeaux russes, s’en prenant à des intérêts français et réclamant le départ des quelque 400 soldats des forces spéciales françaises présents au Burkina Faso.
« Peut-être qu’avec la nouvelle donne [sécuritaire], nous réexaminerons nos rapports avec la Russie pour voir s’il faut la renforcer dans un secteur ou pas, s’il faut la réorienter dans l’intérêt du Burkina Faso et dans le respect de sa souveraineté », a déclaré dimanche le nouveau premier ministre burkinabé, Appolinaire Kyelem de Tembela. Mais, a-t-il averti, « ce n’est pas à la rue de nous dire de faire ceci ou cela ».
Dans plusieurs pays d’Afrique francophone, Moscou jouit d’un soutien populaire grandissant quand la France, ancienne puissance coloniale, y est de plus en plus vilipendée.
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