Aussi à l’aise lors d’un essayage de santiags et de chapeaux de cow-boy qu’en tenue de soirée pour la photo officielle avec les sept autres participantes au Masters WTA, Caroline Garcia n’a pas lâché son sourire depuis son arrivée à Fort Worth, au Texas, où se déroule la compétition. Désormais sixième au classement WTA, la Française savoure sa place parmi les meilleures joueuses mondiales, acquise au terme d’une riche saison.
Mais la fin de sa collaboration avec son entraîneur, Bertrand Perret, annoncée par l’intéressé vendredi 28 octobre, pourrait la faire grimacer, tant le technicien lui a permis de retrouver son meilleur niveau.
Trois titres, une demi-finale à l’US Open, un nouveau sacre en double – avec Kristina Mladenovic – à Roland-Garros, un premier titre en WTA 1000 (les tournois les plus relevés après ceux du Grand Chelem) depuis cinq ans… Caroline Garcia a vécu sa saison la plus prolifique depuis 2017, année de sa première et seule participation au Masters féminin, où elle occupait alors le 8e rang mondial.
Une saison, ou plutôt un été, abouti, puisque la Française a surtout brillé entre mi-juin et mi-septembre, avec 31 victoires en 36 matchs, et des titres acquis sur trois surfaces différentes : le gazon à Bad Homburg (Allemagne), la terre battue à Varsovie (Pologne), et le dur à Cincinnati (Etats-Unis).
Ces succès lui ont permis de passer de la 74e à la 6e place mondiale cet automne. « Revenir dans le top 10, c’était l’objectif, mais je ne l’envisageais pas si tôt », s’étonnait-elle, dans les colonnes de L’Équipe, le 12 septembre.
Une confiance retrouvée
Ce renouveau, la Lyonnaise le doit en partie à son nouvel encadrement sportif. Son père, qui l’avait entraînée de 2012 à 2021, s’est éloigné des courts à la demande de sa fille, tout en restant son manager, et Bertrand Perret, ainsi qu’une physiothérapeute et préparatrice physique, Laura Legoupil, ont rejoint Caroline Garcia. Cette équipe lui a permis de retrouver confiance en son jeu, malgré un début de saison rendu difficile par une blessure au pied.
« En début d’année, quand il n’y avait pas les résultats escomptés et que je voyais mon classement descendre, il y avait chez lui [Bertrand Perret] quelque chose de positif et de la confiance. Si je continuais à m’entraîner comme ça, avec cette identité, un jour ou l’autre, ça allait payer. Il m’a donné confiance », confiait Caroline Garcia à L’Equipe, en septembre.
Sous la houlette de Bertrand Perret, ancien entraîneur de la Chinoise Peng Shuai et de la Tunisienne Ons Jabeur, Caroline Garcia se rapproche du meilleur classement de sa carrière (4e, en septembre 2018), et retrouve le tennis qui faisait son succès. Avec un service clinique, un jeu vers l’avant assumé, des prises de balle tôt après le rebond, et un coup droit qui lui permet de terminer les points, la numéro 1 française redevient dominatrice sur les courts. « Le tennis joué vers l’avant, c’est ce que j’aime. Ce jeu est de plus en plus clair dans ma tête », expliquait-elle après sa défaite en demi-finale à l’US Open.
« Des problèmes » qui « ont fini par gâcher l’ambiance »
Mais alors que Caroline Garcia avait trouvé un entraîneur qui semblait avoir compris la meilleure façon de la faire travailler, dans un clan où son père a souvent été jugé omniprésent, l’annonce de la fin de la collaboration entre la joueuse et Bertrand Perret a surpris, surtout à l’aube du Masters. « Ces dernières semaines, il y avait des problèmes. Ils ont fini par gâcher l’ambiance et j’ai préféré arrêter. Je fais ce métier pour le plaisir et là, il y en avait moins », a expliqué Perret à L’Equipe, sans s’étendre sur la nature des problèmes. « Je suis content de l’avoir emmenée au Masters, de tout ce que nous avons fait. Je n’ai aucun problème avec Caroline et je suis content pour elle », a-t-il ajouté.
Samedi, en conférence de presse, Caroline Garcia a expliqué que le départ de Perret « a été une surprise », mais n’est pas plus entrée dans les détails de cette séparation. « Il a décidé de quitter l’équipe et j’ai respecté cette décision. Je voudrais juste remercier Bertrand [Perret] pour tout le dur travail fait cette année. Nous avons commencé loin et nous sommes arrivés au sommet à la fin de la saison. » Pour recevoir les conseils d’un coach pendant le Masters, la Française a choisi de faire appel à l’Argentin Juan Pablo Guzman, avec lequel elle a déjà collaboré pendant une partie de l’année 2021.
Pour ce Masters, le tirage au sort a placé la Lyonnaise dans le groupe dit « Tracy Austin », avec pour adversaires l’Américaine Coco Gauff, la russe Daria Kasatkina, et la favorite, la numéro 1 mondiale polonaise Iga Swiatek. « C’est un bon groupe. De toute façon, il y a les huit meilleures joueuses de l’année. Vous ne pouvez pas vraiment choisir qui vous allez jouer, mais ce sera très excitant. Pour moi, ce sont trois types de matchs différents. Je vais essayer de faire de mon mieux », a commenté Caroline Garcia.
A Fort Worth, elle tentera de faire au moins aussi bien que lors de sa première participation, en se hissant en demi-finale, avant, pourquoi pas, de succéder à Amélie Mauresmo, seule Française de l’histoire à avoir remporté le Masters féminin, en 2005.