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«Affaire Lola» en France: la récupération politique, acceptable jusqu’où?

«Affaire Lola» en France: la récupération politique, acceptable jusqu'où?


Le meurtre de Lola en France, d’une rare atrocité, a provoqué l’apparition d’opportunités pour tous les spectres de la sphère politique. L’écho de cette affaire au Québec, entre son traitement en tant que nouvelle internationale et les commentaires de Québécois installés là-bas, remet en lumière le phénomène de récupération politique des faits divers.

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Lola, violentée et asphyxiée, a été retrouvée à l’intérieur d’une malle dans la cour de son immeuble de Paris, le 14 octobre. La principale suspecte du crime est une Algérienne de 24 ans, Dahbia B., qui a été arrêtée, inculpée pour le viol et placée en détention provisoire, à l’isolement, dans la prison de Fresnes, située dans la banlieue sud de Paris.

Malgré cela, l’émotion ne redescend pas. La polémique non plus. 

La droite et l’extrême droite utilisent la nationalité de la meurtrière, de même que la non-application d’un ordre de quitter le territoire qui lui était adressé, pour faire des gains politiques. 

Ils rendent par la même occasion le gouvernement en partie responsable du fait «du laxisme de sa politique migratoire», «d’un défaut d’exécution de justice», car la meurtrière présumée de Lola «n’avait rien à faire ici».

La gauche, quant à elle, s’est plutôt rangée du côté du gouvernement d’Emmanuel Macron, dénonçant une «récupération politique immonde» de la part de la droite et de l’extrême droite. 

Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, est même allé traiter le camp droitiste de «charognards», alors que les associations de protection de l’enfance dénoncent des propos inacceptables par l’ensemble de la classe politique du pays.

Quant à de nombreux groupes extrêmes, voire néonazis, pour certains ayant des liens avec le parti d’Éric Zemmour, Reconquête!, ces derniers ont multiplié les manifestations affiliant les immigrants et les étrangers à des assassins.

Ils ne sont pas non plus gênés pour insulter la famille de la victime lorsque cette dernière a plaidé pour le respect de sa période de deuil.

Ce genre d’événements et la force de la polémique qu’il provoque, certes dans une société plus tribale politiquement que la nôtre, posent la question: sommes-nous immunisés contre ces effets d’opportunités?

Pour Catherine Côté, professeure agrégée à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke, «réutiliser ce genre d’événements à des fins constructives est quand même utile».


La professeure agrégée Catherine Côté.

Capture d’écran École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke

La professeure agrégée Catherine Côté.

«C’est bien que l’on retourne sur ce genre d’événements si c’est pour se permettre d’apprendre des erreurs afin de ne pas les répéter. Les individus seront toujours plus réceptifs aux critiques après coup quand elles permettent d’améliorer le système», explique-t-elle.

Elle ajoute que «néanmoins, lorsque la récupération peut être faite par certaines oppositions pour faire avancer sa plateforme et faire du mal aux adversaires, c’est là que le bât blesse». 

Car il est vrai que le Québec n’est pas lui non plus immunisé contre ce genre de phénomènes. Le commentateur Steve E. Fortin avait mis de l’avant une «décevante récupération politique» en parlant des commentaires à la suite de l’attentat de la mosquée de Québec. 

En effet, à la suite de cet acte de terreur, Québec solidaire et le Parti libéral du Québec ont appuyé la proposition du Conseil national des musulmans du Canada (CNMC), conseil polémique pour de nombreux commentateurs comme Frédéric Bastien, d’instaurer une journée nationale contre l’islamophobie.

La professeure ajoute que «profiter d’un enjeu majeur pour se faufiler et faire avancer ses pions, c’est là où est le problème».

«Ça diminue la qualité du débat et des réponses que celui-ci pourrait apporter», explique-t-elle.

Plus proches de nous, les nombreuses fusillades qui ébranlent la grande région de Montréal constituent un nouveau réservoir d’événements que le politique peut utiliser. 

Dominique Anglade a pu être taxée cet été de rechercher la politisation à outrance. Le commentateur Luc Lavoie a avancé qu’il s’agissait plutôt d’un dossier qu’il ne faudrait pas politiser. 

«C’est un dossier où il faut mettre les personnes compétentes en charge, et un dossier où les choses doivent se régler, pas en faisant de la surenchère», estime-t-il. 

Catherine Côté conclut que la part des choses doit être faite en tout temps pour aider le spectateur, comme le commentateur, à comprendre ces événements d’actualité.

Le plus important est toujours l’utilisation des mots et des étiquettes. Il faut savoir avant tout bien les choisir au moment de traiter de ces événements.

Pendant ce temps en France, la polémique «Lola» continue d’enfler alors que maintenant même des animateurs de divertissement proposent des solutions que certains taxent de contraires à l’État de droit.



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