Des débats s’ouvrent sur la possibilité d’une guerre nucléaire limitée et contrôlée ainsi que la possibilité que la Russie fasse l’usage d’une arme de type tactique dans le cadre de la guerre en Ukraine, a prévenu le Bulletin of the Atomic Scientists.
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En entrevue à QUB radio, l’éditeur des affaires nucléaires au Bulletin of the Atomic Scientists, François Diaz-Maurin, a mentionné que sa publication a un devoir d’éduquer, d’informer et d’alerter les gens sur ce type de problématique. «Nous avons fait un effort de divulgation sur les connaissances et l’effet d’échanges nucléaires dans le monde», a-t-il mentionné au micro de Benoit Dutrizac.
Selon lui, on peut douter de la stratégie de guerre nucléaire contrôlée et il ne souhaite pas vérifier si elle est vraie ou fausse. «Si on essaie de vérifier, c’est qu’on laisse la possibilité de l’usage d’une seule arme. Le seul usage que nous avons eu dans l’histoire de l’humanité, c’est lorsqu’il y avait un seul pays qui possédait l’arme nucléaire et les deux bombes en sa possession ont été utilisées. Aujourd’hui, neuf pays possèdent l’arme nucléaire. C’est donc compliqué à admettre qu’il puisse avoir une guerre contrôlée.»
Ce dernier a précisé qu’il existe aussi des théories dans l’autre sens. Celles-ci indiquent que l’utilisation d’une seule arme nucléaire appellerait à une réponse aussi dévastatrice puisque se sont dans les politiques des doctrines que les actions de ce type doivent subir une réponse du même ordre de grandeur. «L’utilisation d’une seule arme nucléaire serait une aberration et une faute à l’échelle de l’humanité.»
Le premier objectif de développer une arme nucléaire, selon M. Diaz-Maurin, est de générer du dommage chez l’adversaire. «Les militaires cherchent à avoir le maximum de puissance possible. Cette dernière est affectée par la manière dont la bombe est lâchée. Si elle explose avant de toucher le sol, c’est encore plus dommageable pour les villes. Une arme moyenne d’environ 300 kilotonnes générait des quantités de suie gigantesque. Dans un conflit entre l’Inde et le Pakistan, ce serait de l’ordre de 100 têtes nucléaires projetées. En ce qui concerne une guerre entre les États-Unis et la Russie, ce serait 1500 de part et d’autre. De plus, cette guerre ne se limiterait pas aux territoires des États-Unis et de la Russie.
Advenant le déclenchement d’une guerre nucléaire, M. Diaz-Maurin croit qu’il n’y pas d’endroit de prédilection pour se réfugier. Il a estimé que les gouvernements à travers le monde doivent être prêts à cette éventualité.
«Nous sommes dans une période de flottement réel. Je ne peux pas dire ce qui se passera ou non en Ukraine. Cela dit, nous informons la population sur les conséquences et la possibilité d’escalade réelle d’une quelconque utilisation d’une arme nucléaire.»