Comme déjà cinq entraîneurs de Ligue 1 cette saison, Claude Puel a connu l’infortune d’un licenciement. La dernière fois, c’était à Saint-Etienne, en décembre 2021. « Si on pense “je risque d’être viré”, dès qu’on prend une décision, il faut arrêter tout de suite », précise-t-il. Lui ne s’est presque jamais arrêté depuis ses débuts sur un banc, en 1999 à Monaco. Libre depuis son départ des Verts, il a profité de cette pause pour se raconter, ainsi que son métier, dans son autobiographie : Libre (Solar éditions, 240 pages, 19,90 euros).
A 61 ans, l’homme aux 1 248 matchs sur les bancs de Ligue 1 défend l’idée que l’entraîneur est le dernier à penser encore au collectif dans un sport où l’individualisme tend à l’emporter.
Dans les premières pages de votre livre, on comprend que vous n’étiez pas vraiment destiné à cette vie liée au football…
Pas du tout, effectivement. Je vivais dans mon village à côté de Castres (Tarn), je jouais avec les copains derrière l’église. Le football était d’abord, pour moi, un espace de liberté. J’avais un besoin de courir, surtout en sortant de l’école, où je me sentais enfermé. Je bouillais à l’intérieur ou je dormais en classe. Je n’avais pas trop d’idées précises sur ce qu’il fallait faire pour devenir professionnel. Quand je suis parti à Monaco, à 15 ans, mes parents avaient surtout exigé que j’aie mon bac. J’ai suivi une scolarité normale. Je dormais encore en classe, mais j’ai eu mon bac [sourire].
On entend beaucoup qu’il est difficile de capter l’attention de la nouvelle génération. En tant qu’entraîneur, comment s’adapte-t-on à l’évolution des mentalités ?
La société évolue, et les gamins avec. On doit sans cesse faire évoluer notre management avec eux. Le plus difficile, c’est d’arriver toujours à se mettre à la page, tout en gardant ses convictions. L’entraîneur, c’est celui qui doit rassembler pour que les joueurs pensent à l’équipe d’abord, quand tout autour d’eux tend à les individualiser ; il est un peu le seul à ramer à contre-courant.
Quand on parle de Kylian Mbappé au cœur du projet du PSG, on est dans cette individualisation du football ?
Cela ne me choque pas qu’on construise un projet sportif autour d’un talent comme lui. Je l’ai fait avec Hatem Ben Arfa à Nice ou pendant un mois à Saint-Etienne avec Wesley Fofana, avant qu’il soit vendu. Quand un joueur prend une telle dimension, il devient le reflet de l’équipe, et pour son bien on construit un collectif autour de lui pour l’aider à s’exprimer. Mais toujours dans l’intérêt de l’équipe. Ce qui me dérange, c’est quand le joueur est programmé par son entourage ou son agent pour flamber et plus du tout pour servir l’équipe.
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