C’est le plus haut niveau enregistré par l’ONU depuis qu’elle a commencé le suivi de la production de coca en 2001. En Colombie, 204 000 hectares ont été consacrés à la plantation de feuilles de coca en 2021. Selon le rapport annuel de l’Office des Nations Unies contre la drogue et la criminalité (ONUDC), publié jeudi 20 octobre, il s’agit d’une « augmentation de 43 % » par rapport à 2020. La Colombie est de loin le plus grand producteur mondial, devant le Pérou et la Bolivie.
Les départements de Nariño et Putumayo, à la frontière avec l’Equateur, sont les régions les plus productrices avec 89 266 hectares. La région de Norte de Santader, proche du Venezuela, arrive en deuxième position avec 42 576 hectares.
Parallèlement à la culture des feuilles de coca, la production de la cocaïne, convoyée vers les Etats-Unis, plus grand consommateur au monde, et l’Europe, est également en hausse, passant de 1 010 tonnes à 1 400 tonnes. Pour l’ONU, c’est une « tendance à la hausse qui se consolide depuis 2014 », malgré l’intense répression menée contre les narcotrafiquants.
L’ONU souligne que l’augmentation des surfaces plantées et de la production de cocaïne est principalement due à la « vulnérabilité territoriale », à « l’augmentation de la demande mondiale » et à la présence d’acteurs armés qui profitent de ce commerce. De quoi conforter le nouveau président de gauche Gustavo Petro dans sa volonté de changer de stratégie dans la lutte contre le trafic de cocaïne.
« La guerre contre les drogues a échoué »
Investi début août, il avait dès ses premiers discours estimés qu’il était « temps d’avoir une nouvelle convention internationale qui accepte que la guerre contre les drogues a échoué », pour lui préférer une « politique forte de prévention de la consommation » dans les pays développés. Il avait réitéré ses propos en septembre à l’Assemblée générale des Nations-unies, réclamant « la fin de la guerre irrationnelle contre la drogue ».
A la présentation de ce rapport à Bogota, le ministre de la justice Nestor Osuna a jugé que ces chiffres « sont précisément les preuves techniques qui constituent le point de départ de la construction d’une nouvelle politique en matière de drogues ».
Le gouvernement colombien peaufine encore sa nouvelle stratégie de lutte contre le trafic, qui exclut la légalisation de la cocaïne, bien que M. Osuna ait estimé qu’« un jour » le « commerce et le trafic » de la cocaïne devront être réglementés au niveau mondial.
Lors d’une visite début octobre à Bogota, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, allié traditionnel de la Colombie en Amérique latine, a dit être « sur la même longueur d’onde » que le président Petro « en ce qui concerne cette approche plus globale ».
Aider les cultivateurs de coca
Le président colombien défend les cultivateurs de coca et promet une réforme rurale pour stimuler la production alimentaire et des avantages économiques pour ceux qui abandonnent les cultures illicites.
Outre la reddition à la justice des narcotrafiquants en échange d’avantages, le nouveau président colombien ambitionne une « paix totale » dans le pays ravagé par plus d’un demi-siècle de conflit interne alimenté par le juteux trafic de la cocaïne.
Il a repris les négociations avec l’ELN (Armée de libération nationale, guévariste), dernière guérilla constituée comme telle encore active dans le pays et entend également discuter avec les dissidents des ex-FARC, qui rejettent les accords de paix de 2016.
Malgré ces bonnes volontés affichées, le président Petro est confronté à un premier revers dans les sondages depuis son arrivée au pouvoir il y a deux mois. Il ne bénéficie plus que du soutien de 46 % des personnes interrogées, soit dix points de moins que lors de la précédente enquête.
La situation économique, y compris le chômage, est la principale préoccupation des Colombiens dans un pays qui subit les effets de l’inflation mondiale et d’une dévaluation historique de la monnaie locale par rapport au dollar. Mercredi, M. Petro a imputé la crise aux États-Unis et à leurs politiques économiques.