Une lettre verte est arrivée à la mairie de Stains, le 29 septembre. Le destinataire : « Mairie islamique de Stains ». Le contenu : un communiqué du maire dénonçant la haine raciste sur les réseaux sociaux barré de « Vive la France libre », « Vive Zemmour » et « Grand remplacement : oui, la preuve à Stains ». Depuis trois semaines, la municipalité de Seine-Saint-Denis est ciblée par l’extrême droite, notamment dans les médias et sur les réseaux sociaux.
Ce mouvement de haine raciste s’est soldé, samedi 8 octobre, par l’irruption, dans la cour de la mairie, de militants du groupuscule Action française. Pendant quinze minutes, une dizaine d’individus, le visage découvert et munis de mégaphone, de pétards et de fumigènes ont scandé « La France est à nous » ou « Vous salissez la France ».
Une agente d’accueil leur demandant de quitter les lieux s’est vu répondre « C’est toi qu’on va dégager d’ici », avant qu’un militant tente de mettre le feu à une poubelle en y déposant un fumigène. « Nous sommes ici chez nous et si vous souhaitez vivre comme dans vos pays d’origine, retournez-y », a clamé le groupuscule dans une vidéo relayant leur action du week-end sur Twitter, le 10 octobre, et s’en prenant à « un islam ennemi de [leurs] traditions ».
Le maire de Stains, Azzédine Taïbi (ex-PCF), a réagi le même jour en alertant sur la situation dans un communiqué et dans une lettre adressée au préfet de Seine-Saint-Denis. « Il y a une forme de fascisme en train de s’installer dans notre société, banalisé par certains médias et la classe politique, s’alarme l’élu. On est abandonné et ces groupuscules agissent en toute impunité. » Dans un nouveau courrier adressé le 11 octobre au ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, Azzédine Taïbi a demandé la dissolution de l’Action française.
L’impunité de la haine raciste doit cesser ! Face à l’intrusion violente du groupuscule fasciste d’extrême-droite «… https://t.co/qGxRlCXQpc
L’équipe municipale dénonce « un climat anxiogène et nauséabond » déjà palpable, selon elle, en 2020, lorsqu’une fresque en hommage à George Floyd et Adama Traoré, qui dénonçait les violences policières, a été vandalisée.
Les récents événements font suite à une polémique lancée par l’extrême droite contre des plaques de rue éphémères dans la ville. Pour un projet baptisé « Place aux femmes ! », soutenu par la mairie, la direction régionale des affaires culturelles d’Ile-de-France, le bailleur social CDC Habitat et la Maison des quartiers Maroc et Avenir, un collectif de femmes a proposé des noms de « femmes inspirantes » pour renommer quelques rues le temps d’une quinzaine de jours. Dans les noms proposés : Khadija Bint Khuwaylid, première épouse du prophète Mahomet.
Il vous reste 60.27% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.