Le prix de l’essence, c’est un peu comme le prix du pain, les politiques savent qu’il faut le surveiller de près. Alors que la France est paralysée par les pénuries de carburant provoquées par les grèves dans les raffineries, voilà que la question du prix à la pompe ressurgit, dans un contexte où le pouvoir d’achat demeure un des principaux sujets de préoccupation des Français. Après des semaines de baisse ininterrompue, les prix des carburants sont en effet repartis fortement à la hausse depuis la fin septembre, selon les chiffres du ministère de la transition écologique publiés lundi 10 octobre. Le gazole a bondi en moyenne de 10 centimes par litre en une semaine, et l’essence d’environ 7 centimes par litre.
Cette augmentation intervient alors que les différentes ristournes en vigueur en France vont commencer à diminuer à partir de la fin octobre, pour cesser complètement en fin d’année. En septembre et octobre, le prix du litre de carburant a en effet été réduit de 50 centimes, grâce à une remise de 30 centimes financée par l’Etat, combinée à un coup de pouce de 20 centimes accordé par l’énergéticien TotalEnergies. Mais ces rabais ont vocation à tomber à 20 centimes par litre en novembre et décembre (10 centimes payés par l’Etat, 10 centimes par TotalEnergies). Et disparaîtront à compter du 1er janvier prochain.
Un calendrier que les pénuries de carburant pourraient toutefois venir perturber. « Les jours de blocage d’accès au carburant qu’on est en train de vivre aboutiront à des prolongements des ristournes », a assuré le ministre des transports, Clément Beaune, mardi 11 octobre, sur RMC, affirmant avoir demandé à TotalEnergies que la ristourne accordée par le groupe pétrolier « se prolonge de quelques jours, qui correspondent au moment où les Français n’ont pas pu [en] bénéficier ». Il a par ailleurs jugé anormal que « quelques profiteurs de grève » aient fait bondir « les prix de l’essence à la pompe » dans certaines stations.
« Enveloppe de secours »
En réalité, le gouvernement surveille ce sujet de très près depuis la rentrée. Lors de la présentation du budget 2023, le 26 septembre, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, avait admis être prêt à prolonger les mesures de soutien si nécessaire. « Si demain, il devait y avoir à nouveau une flambée du prix du pétrole, avait-il expliqué, nous avons prévu une enveloppe de secours, que ce soit pour les entreprises ou les particuliers. Mais cette aide serait ciblée sur ceux qui n’ont pas d’autre choix que de prendre leur voiture pour aller travailler. » Avant de préciser avoir mis de côté 1,8 milliard d’euros dans le budget à cet effet. « Je n’imagine pas que notre majorité n’intervienne pas si le prix de l’essence devait flamber l’année prochaine, abondait il y a quelques jours le rapporteur du budget, Jean-René Cazeneuve. Mais ça n’est pas notre scénario central. »
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