En avril 2022, Schmidt Futures, une entreprise philanthropique fondée par Eric et Wendy Schmidt en 2017, publient un rapport de 96 pages intitulé « The US Bioeconomy : Charting a Course for a Resilient and Competitive Future », dans lequel ils proposent à l’administration américaine une stratégie nationale pour « ne pas manquer cette occasion historique de développer la bioéconomie nationale face à une concurrence internationale féroce ».
Avec un marché mondial de la bioéconomie estimé par le cabinet de conseil McKinsey entre deux et quatre mille milliards de dollars à l’horizon 2030-2040, les Etats-Unis sont dans les starting-blocks pour en devenir le leader mondial. Son principal concurrent, l’Europe, a lui aussi le potentiel de dominer le secteur, avec la France comme leader. Après une course au vaccin décevante, que manque-t-il au pays de Pasteur pour arriver en tête de cette révolution biotech ?
La coordination des chaînes de valeur et des infrastructures industrielles liées aux biotechnologies fait défaut, au niveau européen comme au niveau national. Lorsqu’une coordination existe, elle se fait le plus souvent au niveau local sous la forme de clusters et de parcs d’activités, comme le DTU Biosustain (Technical University of Denmark), qui fait partie d’un écosystème biotechnologique dense englobant Copenhague (Danemark) et Malmö (Suède) financé par la puissante fondation Novo Nordisk, dotée d’un total de 95 milliards de dollars d’actifs.
L’Europe ne pourra prétendre à une domination internationale du secteur biotech qu’une fois que ses acteurs travailleront main dans la main. Il lui manque aujourd’hui un leader identifié pour rassembler les acteurs publics et privés de chaque pays et coordonner les compétences et les infrastructures.
Tous les ingrédients du succès
Puissante dans les biotechnologies industrielles, l’Europe possède tous les ingrédients du succès, avec comme principaux acteurs le Royaume-Uni, l’Allemagne, les Pays-Bas, le Danemark et la France. Cette dernière a les matières premières non-fossile (biomasse, déchets agricoles, déchets solides municipaux, filières de recyclage,…) et les compétences pour mener cette révolution. Cependant, sans une unité nationale qui réunit toutes les parties prenantes, publiques et privées, elle ne pourra y parvenir.
Le rôle des biotechnologies a été reconnu comme un facteur clé dans la relance post-pandémique de l’économie française. Avant la pandémie, elles bénéficiaient déjà d’un soutien politique : entre 2010 et 2020, l’Etat a investi plus de 500 millions d’euros aux côtés des industriels.
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