Sur les questions migratoires, la rhétorique d’une France trop attractive est un refrain hélas bien trop connu et régulièrement repris par les responsables politiques. Tel fut donc le cas, à l’occasion du discours d’Emmanuel Macron aux préfètes et préfets, le 15 septembre 2022. Le président de la République a en effet annoncé un nouveau projet de loi asile et immigration pour le début de l’année 2023, cinq années à peine après la dernière modification.
A cette occasion, le président a martelé que la politique migratoire française est « inefficace et inhumaine ». Un constat que nous partageons, tout en rejetant totalement les mesures esquissées, promues depuis près de vingt ans, et toujours plus restrictives des droits humains des personnes étrangères. Tout part d’une supposée « pression migratoire » qui s’imposerait à la France.
Les démographes ont beau répéter que la migration est un fait social inhérent à la mondialisation, que notre pays se trouve en dessous de la moyenne européenne et de l’OCDE en termes d’obtention de titres de séjour, que les demandes d’asile pour l’année 2021 ne représentent que 0,1 % de la population française. Rien n’y fait.
Stigmatiser l’« étranger profiteur »
Opiniâtrement, Emmanuel Macron continue de présenter notre modèle social comme une source d’attractivité inouïe pour des personnes étrangères venant majoritairement en abuser. En somme, des « profiteuses du système » qui viendraient faire ici leur « shopping » de l’asile pour bénéficier des avantages sociaux.
Nulle mention ici du fait que, depuis 2020, les demandeurs d’asile ne peuvent avoir accès à une couverture de soins avant trois mois de présence sur le territoire, malgré des parcours d’exil éprouvants. Rien sur l’impossibilité de travailler pendant six mois suivant l’enregistrement d’une demande d’asile, sans avoir obtenu, après, une autorisation administrative délivrée au compte-gouttes.
Aucune allusion au système d’hébergement d’urgence saturé depuis des années, jetant des personnes à la rue, dans des conditions indignes et inhumaines. Sans oublier les difficultés d’accès aux guichets des préfectures, ni la complexité des procédures auxquelles elles sont confrontées.
Simplifier les procédures, entraver le droit
Ce contexte bat en brèche la théorie avancée d’un système social français qui serait trop généreux pour les personnes étrangères, socle des choix qui guident nos politiques migratoires. Face à des mesures qui sembleraient encore « trop bénéfiques » pour l’étranger, la solution serait de revoir nos règles : accélérer les procédures, limiter les voies de recours jugées multiples.
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