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Moussa Dadis Camara de retour en Guinée en vue de son procès pour le massacre du stade du 28-Septembre

Moussa Dadis Camara de retour en Guinée en vue de son procès pour le massacre du stade du 28-Septembre


Le capitaine Moussa Dadis Camara lors d’une conférence de presse à Ouagadougou, en mai 2015.

L’ancien dictateur Moussa Dadis Camara est rentré en Guinée pour répondre devant un tribunal, avec dix autres accusés, de sa responsabilité présumée dans le massacre du 28 septembre 2009 dans un stade de Conakry, selon Pépé Antoine Lamah, un de ses avocats. « Mon client […] est arrivé dans la nuit de samedi à dimanche à Conakry pour répondre à sa convocation liée au procès du 28 septembre », a-t-il déclaré dimanche 25 septembre à un correspondant de l’AFP. Il est « en lieu sûr pour raisons de sécurité » et reçoit quelques amis, a-t-il ajouté.

  • Mariama Thiouto Bah, au stade national où elle a été attaquée par les forces de sécurité, le 28 septembre 2009. « Deux policiers m’ont frappée avec une barre en fer et m’ont blessée à la main. Après cela, j’ai été voir un docteur pour être soignée. Quand mon mari a su que j’avais été au stade, il m’a abandonnée. Ce jour-là, ma vie a été détruite. »

    Mariama Thiouto Bah, au stade national où elle a été attaquée par les forces de sécurité, le 28 septembre 2009. « Deux policiers m’ont frappée avec une barre en fer et m’ont blessée à la main. Après cela, j’ai été voir un docteur pour être soignée. Quand mon mari a su que j’avais été au stade, il m’a abandonnée. Ce jour-là, ma vie a été détruite. » Tommy Trenchard/Panos

  • Mamadou Taslima Diallo, à l’entrée du stade national où il a été battu par la police le 28 septembre 2009. « Ils m’ont frappé à la tête et il m’a fallu cinq jours avant que je puisse entendre de nouveau de l’oreille droite. Je suis très en colère que justice ne soit pas faite et que les coupables soient libres. »

    Mamadou Taslima Diallo, à l’entrée du stade national où il a été battu par la police le 28 septembre 2009. « Ils m’ont frappé à la tête et il m’a fallu cinq jours avant que je puisse entendre de nouveau de l’oreille droite. Je suis très en colère que justice ne soit pas faite et que les coupables soient libres. » Tommy Trenchard/Panos

  • Mamadou Saliou Diallo, à la sortie du stade où il a été piétiné pendant le massacre du 28 septembre 2009. « J’étais dans les tribunes quand ils ont commencé à tirer. Quand la personne qui était en face de moi a été touchée d’une balle à l’épaule, j’ai compris qu’ils tiraient à balles réelles. On m’a frappé à la tête et quelqu’un m’a poignardé le pied. Ensuite, près de l’entrée, je suis tombé sur un cadavre et j’ai été piétiné par la foule. Je pouvais entendre les tirs au-dessus de moi, puis je me suis évanoui. Médecins sans frontières m’a emmené à la morgue, pensant que j’étais mort, mais j’ai vomi du sang. Ils m’ont alors conduit en urgence à l’hôpital. Je ne sens plus mon pied droit et j’ai des douleurs au dos. Je ne suis plus moi-même. J’ai toujours des douleurs. Quelquefois, j’ai l’impression d’être fou. J’espère que Dieu nous aidera à trouver la justice. »

    Mamadou Saliou Diallo, à la sortie du stade où il a été piétiné pendant le massacre du 28 septembre 2009. « J’étais dans les tribunes quand ils ont commencé à tirer. Quand la personne qui était en face de moi a été touchée d’une balle à l’épaule, j’ai compris qu’ils tiraient à balles réelles. On m’a frappé à la tête et quelqu’un m’a poignardé le pied. Ensuite, près de l’entrée, je suis tombé sur un cadavre et j’ai été piétiné par la foule. Je pouvais entendre les tirs au-dessus de moi, puis je me suis évanoui. Médecins sans frontières m’a emmené à la morgue, pensant que j’étais mort, mais j’ai vomi du sang. Ils m’ont alors conduit en urgence à l’hôpital. Je ne sens plus mon pied droit et j’ai des douleurs au dos. Je ne suis plus moi-même. J’ai toujours des douleurs. Quelquefois, j’ai l’impression d’être fou. J’espère que Dieu nous aidera à trouver la justice. » Tommy Trenchard/Panos

  • Ibrahima Diallo, au stade national où il a été piétiné en essayant d’échapper au massacre du 28 septembre 2009. « J’étais au stade quand ils ont commencé à tirer des gaz lacrymogènes. Les militaires Bérets Rouges sont ensuite arrivés. J’étais dans les tribunes quand ils ont commencé à tirer. J’ai sauté en bas. A l’entrée, les militaires étranglaient des gens à mort. Certains les poignardaient. Un des militaires m’a attrapé par le cou, je suis tombé et j’ai été piétiné. Je ne peux plus rester assis trop longtemps. J’ai des douleurs dans le bas du corps. J’étais tailleur mais je ne peux plus travailler. Je veux c’est que justice soit faite pour les victimes et que les coupables soient jugés pour que ces choses n’arrivent plus jamais dans ce pays. »

    Ibrahima Diallo, au stade national où il a été piétiné en essayant d’échapper au massacre du 28 septembre 2009. « J’étais au stade quand ils ont commencé à tirer des gaz lacrymogènes. Les militaires Bérets Rouges sont ensuite arrivés. J’étais dans les tribunes quand ils ont commencé à tirer. J’ai sauté en bas. A l’entrée, les militaires étranglaient des gens à mort. Certains les poignardaient. Un des militaires m’a attrapé par le cou, je suis tombé et j’ai été piétiné. Je ne peux plus rester assis trop longtemps. J’ai des douleurs dans le bas du corps. J’étais tailleur mais je ne peux plus travailler. Je veux c’est que justice soit faite pour les victimes et que les coupables soient jugés pour que ces choses n’arrivent plus jamais dans ce pays. » Tommy Trenchard/Panos

  • Anonyme photographiée au stade national, où elle retournait pour la première fois depuis son arrestation par les forces de sécurité le 28 septembre 2009. « J’y étais. Les militaires m’ont arrêtée et envoyée au camp Alpha Yaya Diallo, le principal camp militaire de Conakry, où j’ai été maltraitée pendant vingt-quatre heures avec d’autres jeunes femmes. Je veux que justice soit rendue, car l’impunité des militaires en Guinée continue et l’Etat ne garantit pas la sécurité des citoyens. »

    Anonyme photographiée au stade national, où elle retournait pour la première fois depuis son arrestation par les forces de sécurité le 28 septembre 2009. « J’y étais. Les militaires m’ont arrêtée et envoyée au camp Alpha Yaya Diallo, le principal camp militaire de Conakry, où j’ai été maltraitée pendant vingt-quatre heures avec d’autres jeunes femmes. Je veux que justice soit rendue, car l’impunité des militaires en Guinée continue et l’Etat ne garantit pas la sécurité des citoyens. » Tommy Trenchard/Panos

  • Aissatou Lamarana Barry, à l’extérieur du stade national où elle a été violée par des membres des forces de sécurité le 28 septembre 2009. « J’ai été violée derrière le stade. Depuis, ma vie n’a plus de sens. J’allaitais et mon mari m’a abandonnée. Mes enfants ne peuvent pas aller à l’école et je ne peux pas payer mon loyer. »

    Aissatou Lamarana Barry, à l’extérieur du stade national où elle a été violée par des membres des forces de sécurité le 28 septembre 2009. « J’ai été violée derrière le stade. Depuis, ma vie n’a plus de sens. J’allaitais et mon mari m’a abandonnée. Mes enfants ne peuvent pas aller à l’école et je ne peux pas payer mon loyer. » Tommy Trenchard/Panos

  • Oumar Sow, au parking de taxis de Madina, où son frère a été tué par balle par les forces de sécurité en 2007. « C’était au moment de la grève générale en Guinée. Tout d’un coup, un groupe de militaires est arrivé sur le pont au-dessus du parking et a commencé à tirer. Mon frère a reçu une balle dans le cou, il est mort. »

    Oumar Sow, au parking de taxis de Madina, où son frère a été tué par balle par les forces de sécurité en 2007. « C’était au moment de la grève générale en Guinée. Tout d’un coup, un groupe de militaires est arrivé sur le pont au-dessus du parking et a commencé à tirer. Mon frère a reçu une balle dans le cou, il est mort. » Tommy Trenchard/Panos

  • Le capitaine Oussou Keita, photographié à la maison où la police est venue l’arrêter en 1985 avant de le torturer et de le jeter en prison. « J’ai été arrêté le 6 juillet 1985. J’étais en train de regarder la télévision quand la tentative de coup d’Etat [contre le président Lansana Conté] a commencé. Ils m’ont accusé d’y avoir participé. Au camp, j’étais interrogé de 1 heure du matin jusqu’à 5 heures tous les jours. Ils mettaient des pneus autour de nos cous et nous frappaient. Ils nous électrocutaient. C’était difficile de garder espoir. Des fois, ils emmenaient un groupe de personnes à l’extérieur et on entendait des coups de feu. Ils torturaient des gens devant nous. Les gens qui nous ont torturés étaient aussi ceux qui étaient au pouvoir. Quand j’ai été libéré, nous avons dû aller vivre dans un village, avec interdiction de venir à Conakry. Ma femme pleurait beaucoup. Pendant vingt-cinq ans, nous avons vécu sans dignité. J’espère qu’un jour, les gens connaîtront la vérité. »

    Le capitaine Oussou Keita, photographié à la maison où la police est venue l’arrêter en 1985 avant de le torturer et de le jeter en prison. « J’ai été arrêté le 6 juillet 1985. J’étais en train de regarder la télévision quand la tentative de coup d’Etat [contre le président Lansana Conté] a commencé. Ils m’ont accusé d’y avoir participé. Au camp, j’étais interrogé de 1 heure du matin jusqu’à 5 heures tous les jours. Ils mettaient des pneus autour de nos cous et nous frappaient. Ils nous électrocutaient. C’était difficile de garder espoir. Des fois, ils emmenaient un groupe de personnes à l’extérieur et on entendait des coups de feu. Ils torturaient des gens devant nous. Les gens qui nous ont torturés étaient aussi ceux qui étaient au pouvoir. Quand j’ai été libéré, nous avons dû aller vivre dans un village, avec interdiction de venir à Conakry. Ma femme pleurait beaucoup. Pendant vingt-cinq ans, nous avons vécu sans dignité. J’espère qu’un jour, les gens connaîtront la vérité. » Tommy Trenchard/Panos

  • Hadja Rabi Diallo, photographiée sur le pont auquel son mari a été pendu sur les ordres du président Sékou Touré en 1971. « Mon mari s’appelait Ousmane Baldé, il était le ministre des finances. Sékou Touré l’a accusé de vouloir prendre le pouvoir. Un jour, des militaires sont venus chez nous et ont annoncé qu’il avait été arrêté. Ensuite, un de nos quatre enfants a entendu à l’école qu’il avait été pendu depuis le pont. Quand nous avons entendu la nouvelle, nous nous sommes mis à pleurer. Ils nous ont mis à la porte de notre maison et ont volé tout ce qu’ils ont trouvé. »

    Hadja Rabi Diallo, photographiée sur le pont auquel son mari a été pendu sur les ordres du président Sékou Touré en 1971. « Mon mari s’appelait Ousmane Baldé, il était le ministre des finances. Sékou Touré l’a accusé de vouloir prendre le pouvoir. Un jour, des militaires sont venus chez nous et ont annoncé qu’il avait été arrêté. Ensuite, un de nos quatre enfants a entendu à l’école qu’il avait été pendu depuis le pont. Quand nous avons entendu la nouvelle, nous nous sommes mis à pleurer. Ils nous ont mis à la porte de notre maison et ont volé tout ce qu’ils ont trouvé. » Tommy Trenchard/Panos

  • Mamaissata Camara, à gauche, à l’extérieur de la maison où elle vivait avec sa sœur Habibatou Camara au moment des événements du 28 septembre 2009. « J’ai quitté ma maison sans penser que je serais violée ce jour-là. Je voulais changer mon pays. J’ai vu la mort de très près. Les ONG ont fait beaucoup pour nous. Je veux que justice soit faite parce que beaucoup de victimes sont déjà mortes. »

    Mamaissata Camara, à gauche, à l’extérieur de la maison où elle vivait avec sa sœur Habibatou Camara au moment des événements du 28 septembre 2009. « J’ai quitté ma maison sans penser que je serais violée ce jour-là. Je voulais changer mon pays. J’ai vu la mort de très près. Les ONG ont fait beaucoup pour nous. Je veux que justice soit faite parce que beaucoup de victimes sont déjà mortes. » Tommy Trenchard/Panos

Le capitaine Camara, arrivé au pouvoir en 2008 à la faveur d’un coup d’Etat militaire, fait partie des onze anciens responsables appelés à comparaître mercredi pour les exactions commises le 28 septembre 2009 à l’intérieur et aux abords du stade du 28-Septembre. Des soldats, des policiers et des miliciens avaient fait couler un bain de sang lors du rassemblement de sympathisants de l’opposition réunis pour démontrer pacifiquement leur force et dissuader M. Camara de se présenter à la présidentielle de janvier 2010.

Ce jour-là et les suivants, 156 personnes ont été tuées, des milliers d’autres ont été blessées et au moins 109 femmes ont été violées, dit le rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU, publié trois mois après les faits. Les chiffres réels sont probablement plus élevés.

« Laver son honneur »

En décembre 2009, l’aide de camp du capitaine Camara, Aboubacar Sidiki Diakité alias « Toumba », chef de la garde présidentielle, lui avait tiré dessus. Présent en personne au stade et lui aussi mis en cause au procès de mercredi, il a accusé M. Camara d’avoir commandité le massacre. M. Camara avait finalement été contraint à l’exil au Burkina Faso. Des proches s’exprimant sous le couvert de l’anonymat ont confirmé qu’il était rentré pour « laver son honneur » devant les juges.

Lire aussi « Les Guinéens doivent comprendre que la junte ne pourra pas résoudre tous leurs problèmes »

L’une des préoccupations des associations de victimes est la présence au procès de tous les accusés. Ces derniers ont eu l’interdiction de quitter le territoire. Certains sont en détention depuis des années. De son côté, le collectif d’avocats défendant quatre des accusés a rapporté samedi dans un communiqué que leurs clients avaient été convoqués au tribunal la veille du procès. Ils disent redouter leur placement en détention avant le procès. Le collectif « n’hésitera pas à boycotter ce procès si les accusés libres subissent, à l’entame de ce procès, une détention arbitraire », prévient-il.

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Le Monde avec AFP

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