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L’économie britannique n’est pas au mieux de sa forme, comme en témoigne l’impressionnante chute de la livre sterling, qui s’est approchée, lundi, du plus bas niveau de son histoire face au dollar. Cette dépréciation ininterrompue alimente les spéculations sur une possible intervention de la Banque d’Angleterre, pour tenter de contrer l’impact sur la confiance des investisseurs des baisses d’impôts massives annoncées par le nouveau gouvernement.
La livre sterling a atteint, lundi 26 septembre, son niveau le plus bas face au dollar, les annonces budgétaires de Londres inquiétant les investisseurs sur la santé des finances publiques britanniques, dans un pays peut-être déjà en récession.
La livre sterling est descendue jusqu’à 1,0863 dollar pour la première fois depuis 1985, non loin du record absolu enregistré cette année-là, soit 1,0520 dollar. La devise britannique a perdu plus de 7 % en dix jours, un mouvement d’une ampleur très rare sur le marché des changes.
Les investisseurs se sont détournés de la livre après l’annonce du nouveau gouvernement de Liz Truss, qui a dévoilé, vendredi, une série de mesures de relance budgétaire. Elles prévoient notamment la prise en charge d’une partie de la facture d’énergie des ménages et le renoncement à une série de hausses d’impôts.
Vers une intervention de la Banque d’Angleterre ?
Cette chute ininterrompue de la livre sterling alimente les spéculations sur une possible intervention de la Banque d’Angleterre (BoE), pour tenter de contrer l’impact sur la confiance des investisseurs des baisses d’impôts massives annoncées vendredi par le gouvernement de Liz Truss, dans lesquelles beaucoup d’investisseurs voient surtout un danger pour les finances publiques britanniques.
« La BoE va devoir passer à l’action aujourd’hui, c’est certain, ce qui aboutira à une hausse massive des taux d’intérêt pour tenter de stabiliser le sterling », estime Michael Every, stratège de Rabobank à Singapour.
La situation est telle que les cambistes évoquent désormais l’hypothèse d’une réunion d’urgence de la BoE, avec à la clef une hausse de taux anticipée, citée par Erik Nelson, de Wells Fargo.
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L’ensemble devrait contraindre le Royaume-Uni à emprunter 72 milliards de livres supplémentaires sur les marchés, ce qui inquiète les opérateurs.
« La livre sterling est en danger »
« Entre le Brexit, le retard de la Banque d’Angleterre pour remonter ses taux et maintenant la politique budgétaire, je pense que le Royaume-Uni restera dans l’Histoire comme une des pires gestions macroéconomiques d’un grand pays », a détaillé l’ancien secrétaire américain au Trésor, Larry Summers, qui pense que la livre peut atteindre le niveau du dollar.
« La livre sterling est en danger », a mis en garde George Saravelos, analyste chez Deutsche Bank, qui note que la devise chute, alors même que les taux d’emprunt de la dette britannique augmentent, « ce qui est très rare dans une économie développée ». « Nous nous inquiétons de voir la confiance des investisseurs dans le Royaume-Uni s’éroder rapidement », ajoute-t-il.
Si elle a été particulièrement malmenée, la livre sterling n’a pas été la seule à souffrir. L’euro est tombé, vendredi, à un nouveau plancher depuis vingt ans, à 0,9681 dollar pour un euro. Ce lundi, la monnaie européenne touchait elle aussi un niveau plus bas de vingt ans face au dollar à 0,9569, les résultats des législatives italiennes s’ajoutant aux craintes de récession.
Avec AFP